En 2024, la République du Congo consolide la gestion de sa dette publique grâce à la réforme de la CCA, portée par le décret n° 2024-213, et un décaissement de 43 millions USD du FMI. Le rapport annuel de gestion de la dette publique 2024, publié le 13 juillet 2025, indique un encours de 8 535,77 milliards de FCFA (92,31 % du PIB), en baisse par rapport à l’année antérieure (8516,36 milliards de FCFA).
La dette intérieure domine (60,68 %, soit 5 179,21 milliards de FCFA), suivie de l’extérieure (39,32 %, environ 3 356,57 milliards). Les arriérés ont chuté de 32,34 % en 2020 à 13,13 % en 2024 (1 121 milliards), notamment pour la dette extérieure (10,59 %). Le service de la dette intérieure s’élève à 1 413,43 milliards (+45,28 % vs 2023), porté par les Bons (BTA, 62,73 %) et Obligations du Trésor Assimilables (OTA, 33,93 %), tandis que l’extérieure atteint 627,06 milliards (-12,14 %).
L’analyse du portefeuille public démontre sur la période 2020-2024, une dynamique haussière soutenue de l’endettement. Le stock de la dette publique, qui s’élevait à 6 596,13 milliards de FCFA en 2020, a enregistré une progression considérable pour atteindre 8 130,56 milliards de FCFA en 2021, soit une hausse en glissement annuel de 23,26%. Cette tendance s’est poursuivie, bien que de manière plus modérée, avec un stock de la dette publique atteignant 8 535,77 milliards de FCFA en 2024, traduisant une augmentation de 29,41% sur l’ensemble de la période. « Cette évolution reflète une accumulation soutenue de passifs publics, en lien avec les besoins accrus de financement budgétaire et les réponses aux chocs exogènes », explique le rapport, consulté par L’Economie.
L’évolution de la structure de la dette de 2020 à 2024 met en exergue une diminution progressive de la part de la dette extérieure au profit de celle de la dette intérieure dans le portefeuille de la dette publique. En effet, la part de la dette extérieure dans le stock de la dette publique est revenue de 57,12 à 39,32% entre 2020 et 2024, perdant ainsi 17,79 points.
A contrario, la part de la dette intérieure, quant à elle, est passée de 42,88% à 60,68% dans la même période. « Cette dynamique peut s’expliquer par un pivotement de la stratégie d’endettement vers le marché des titres de la CEMAC, afin de réduire l’endettement extérieur qui expose le portefeuille de la dette aux risques de taux d’intérêt et de taux de change », peut-on lire.
Malgré ces avancées, des vulnérabilités subsistent. Le risque de change est préoccupant : 38,6 % du portefeuille (3 294,63 milliards) est en devises, principalement USD (50,83 %), avec un ratio dette/réserves de 39,9 %, révèle le rapport. Une dépréciation du FCFA pourrait alourdir le service de la dette.
Le risque de refinancement est tout aussi critique : 26,5 % de la dette intérieure (13 % du PIB) arrive à échéance dans les 12 mois, avec une maturité moyenne de 5,4 ans, contre 8 ans pour l’extérieure. Le risque de taux d’intérêt est limité, avec 92 % du portefeuille à taux fixe, mais les 28,63 % de la dette extérieure à taux variable nécessitent vigilance. Le coût moyen de la dette (4,3 %) est tiré par la dette intérieure (5,3 %), plus coûteuse que l’extérieure (2,6 %), en raison des instruments à court terme.
Les BTA/OTA offrent un rendement attractif de 5,3 %, mais le risque de refinancement incite à la prudence. Les décideurs doivent allonger les maturités intérieures, renforcer les réserves de change et réduire les arriérés sociaux (554,59 milliards FCFA). Diversifier les créanciers, notamment la Chine (65,21 % de la dette bilatérale), est crucial. Si les réformes de la CCA renforcent la crédibilité, une gestion proactive des risques est essentielle pour assurer la soutenabilité dans un contexte économique volatile.