Vous venez d’ouvrir vos boutiques dans les aéroports de Douala et Yaoundé-Nsimalen. Pourquoi le choix du Cameroun ?
Personnellement, j’ai un attachement de cœur avec le Cameroun. Je pense connaître un tout petit peu le Cameroun. C’est 27 millions de personnes, 2 aéroports internationaux avec Douala et Yaoundé sur un trafic suffisant. C’est aussi un pouvoir d’achat. Les Camerounais sont de grands voyageurs. Notre travail est d’apporter du service, des expériences aux voyageurs. Fort de tout cela, le pays devient un site tout aussi intéressant qu’un autre ou plus. Notre premier pied en Afrique Centrale nous l’avons posé au Gabon, pays un peu plus petit. Parce que nous nous adaptons à l’environnement local, nous savons que le Cameroun a un fort potentiel. Et c’est cela qui nous emmène aujourd’hui à venir nous installer ici en Afrique Centrale et qui parle d’Afrique centrale sait que le Cameroun en est la locomotive.
Que représente cette expansion pour le Groupe Lagardère ?
Au Cameroun, nous avons signé une convention avec les ADC le 10 septembre 2024. Nous avions annoncé de manière assez ambitieuse presque la date d’ouverture. Nous étions rassurés que ces commerces nous les ouvririons dans le premier trimestre 2025. C’est chose faite. On a ouvert les premières boutiques le 4 avril 2025. Nous avons réussi à tenir ce pari non pas sans difficulté. Nous établissions une activité nouvelle. L’activité de Duty free on peut dire qu’elle a existé mais l’activité telle que nous la faisons n’existait pas. Nous avons une ambition chez Lagardère qui est très forte, c’est de laisser notre empreinte sur le territoire africain.
En termes de chiffres, à combien peut-on évaluer cet investissement au pays ?
Est-ce qu’on peut parler des chiffres, oui et non. Nous avons investi plusieurs milliards FCFA dans ces aéroports. Ces investissements consentis dans ces deux aéroports nous ont permis de recruter 100 personnes, 100 emplois permanents chez nous et autant d’emplois chez nos partenaires locaux. Ce qui est attendu aujourd’hui à travers ces 5 boutiques ouvertes, est que nous pensons offrir aux passagers des aéroports du Cameroun, l’offre qu’ils attendent et surtout leur permettre de relever leur fierté. Un aéroport ce n’est pas qu’un lieu de passage où on fait décoller et atterrir des avions, c’est avant tout un lieu de vie.
Qu’en est-il du rapport qualité/prix ?
Les prix sont très concurrentiels, nous nous positionnons à ce que nos prix soient inférieurs aux prix de Paris. Nous offrons aux voyageurs une sélection de produits le plus large possible sur les catégories majeures que sont l’alcool, le parfum, la cosmétique, les cigarettes internationales et les prix sont ceux appliqués dans la politique des Duty free, qui sont des prix internationaux et des normes internationales.
Pourriez-vous nous donner quelques retombées sur les plans économique et financier ?
Les retombées sont assez simples à résumer. Pour faire ces boutiques, il a fallu qu’on apporte de l’investissement. On l’a mobilisé et 100% de cet investissement a été apporté par nous. Nous avons conçu, investi, financé, construit et aujourd’hui nous exploitons. Quand on mobilise un investissement à cette hauteur (je parle en termes de milliards FCFA), l’intérêt est que l’on créé de la valeur. La valeur que l’on créé elle bénéficie aux fournisseurs locaux, aux personnels, aux aéroports, et elle nous bénéficie également puisque nous ne sommes pas des philanthropes. On est là pour faire du business.
Par contre pour faire du business, j’ai besoin de personnels. Aujourd’hui, j’ai créé sur l’installation de nos free, une centaine d’emplois directs, chez mes partenaires fournisseurs producteurs, ils ont créé un équivalent de 100 emplois. Tout ça c’est des retombées, de l’investissement. Tout le mobilier a été créé par les Camerounais et derrière nous exploitons. Si nous exploitons, naturellement nous payons les impôts, les taxes, nous contribuons au tissu local et bien entendu nous contribuons à l’amélioration des revenus non aéronautiques de l’aéroport.
Pourquoi cette arrivée tardive en Afrique alors que le Groupe opère dans une cinquantaine de pays à travers le monde depuis 170 ans ?
Mieux vaut arriver à point que trop tôt ou trop tard. On est arrivés à point sur l’opportunité du nouvel aéroport de Dakar au Sénégal, et donc nous avons établi nos premières boutiques en Afrique en 2017 à Dakar. Si vous regardez notre trajectoire de 2017 à maintenant, nous sommes présents dans 8 pays. En 7 ans, c’est appréciable. Voici, le point important, cette capacité à arriver à point, arriver au bon moment permet de dérouler une stratégie qui nous permet de réussir et d’apporter quelque chose de différent.
Nous aurions pu venir plus tôt, si c’était pour apporter la même chose que tout le monde, ça n’a pas de sens, donc nous préférons nous différencier, avoir les bonnes personnes, avoir la bonne approche, tenir la bonne posture et surtout offrir des services de qualité internationale et de standard international sans qu’il y ait risque de double standard. Nos opérations se déroulent de la même manière en Afrique, en Europe, en Asie ou en Amérique. C’est toujours la même chose et c’est ce qui fait notre différence.
Comment est-ce que le groupe compte pénétrer davantage le marché africain et quels sont les principaux défis à relever ?
Les principaux défis en Afrique aujourd’hui d’un point de vue territorial, c’est la logistique. Elle est extrêmement impactante pour nos métiers. Si je veux envoyer un container de Dakar vers la Gambie, il va traverser les frontières. Je nourris cet espoir que la Zlecaf puisse être une réalité et puisse permettre que les entreprises panafricaines comme les nôtres travaillent sur la totalité des territoires sans avoir de barrières douanières à l’entrée, sans avoir de difficulté logistique, de voir nos produits circuler d’un pays à un autre à partir du moment où nous respectons les règles.