La Banque Africaine de Développement (BAD) vient de se doter d’une nouvelle monnaie innovante, baptisée « African Units of Account (les unités de compte africaines, Ndlr) ». Cet outil, selon des experts, vise à redynamiser le paysage financier africain, en offrant une alternative au dollar américain, traditionnellement utilisé dans les transactions économiques.
En effet, le continent africain abrite une grande proportion des ressources naturelles mondiales, aussi bien renouvelables, que non renouvelables. Il détient environ 30 % des réserves de ressources minérales, 8 % du gaz naturel et 12 % des réserves de pétrole. Le continent abrite également 40 % de l’or de la planète et près de 90 % des réserves mondiales de chrome et de platine.
Malgré ce potentiel énorme, l’Afrique continue de faire régulièrement face à des défis financiers majeurs, notamment, la volatilité des devises locales, la frilosité des marchés financiers, faible niveau d’investissements internationaux. Selon l’analyste financier, Darly Nguema, « plus de 70 % des dettes publiques et privées africaines sont désormais libellées en devises fortes, principalement en dollars et en euros. Par conséquent, chaque dévaluation du naira nigérian, du cedi ghanéen ou du franc guinéen accentue davantage le gouffre financier des États et des entreprises africains ».
La BAD, en s’appuyant sur les ressources minérales, veut soutenir l’équilibre de la balance de paiement des pays africains, la croissance économique, les encourager les pays à diversifier leurs économies.
Concrètement, ce mécanisme inédit, entend stabiliser les financements en exploitant les vastes ressources naturelles du continent, en offrant la sécurité des financements, l’attraction des Investissements Internationaux, et partant, la Croissance économique et l’équité sociale.
Toutefois, il faut noter que l’AUA ne sera ni une monnaie en circulation, ni un moyen de paiement du quotidien. Son rôle sera tout simplement de servir d’unité de compte pour stabiliser les financements et réduire l’exposition des économies africaines aux risques de change.
« L’initiative de la BAD constitue une avancée majeure pour le financement énergétique en Afrique. Cependant, il reste crucial de suivre attentivement la mise en œuvre de cette initiative pour s’assurer qu’elle répond pleinement aux attentes et aux besoins des populations africaines. Le succès de cette révolution financière dépendra de la capacité de la BAD à transformer ces perspectives ambitieuses en réalités concrètes et tangibles », indique Darly Nguema.
L’efficacité de l’AUA dépendra donc non seulement de la gestion rigoureuse des ressources, mais aussi de la capacité des États africains à collaborer pour garantir la stabilité et la crédibilité de cette monnaie.