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Grace Jerolgan Nganakala : « Beaucoup reste à faire pour généraliser l’utilisation des applications mobiles de paiement »

(Leconomie.info) - Elle est analyste financière et Commerciale pour les PME. CEO de la fintech FUTA qui permet d'envoyer et de recevoir de l'argent via le mobile money, de manière pratique, sécurisée et hors ligne, quel que soit l'opérateur, elle fait partie des 5 camerounaises sélectionnées par la SFI pour le programme « She Wins Africa ». Dans une interview accordée à L'Économie, elle donne sa vision sur l’inclusion financière au Cameroun et en Afrique. 

Quelle est votre perception sur la finance digitale au Cameroun ?

La finance digitale au Cameroun, c’est tout un sujet ! Je trouve que c’est un secteur en pleine croissance, offrant d’importantes opportunités pour améliorer l’accès aux services financiers, notamment pour les populations non bancarisées. Les applications mobiles de paiement et les services de transfert d’argent ont gagné en popularité ces 5 dernières années, mais il reste encore beaucoup à faire pour généraliser leur utilisation, car il y a encore pas mal de gens qui hésitent à les adopter, surtout à cause des problèmes de sécurité, d’internet et les tarifs exorbitants.

À votre avis, quels sont les défis qu’il faut relever dans ce secteur ?

Les défis, eh bien, il y’en a quelques-uns… Déjà, il faut réussir à convaincre tout le monde de l’utilité et de la fiabilité de la finance digitale, ce n’est pas gagné ! Et puis, il y’a aussi le souci des infrastructures, comme le réseau internet qui n’est pas toujours top.

Un autre gros défi dans ce secteur c’est le « gatekeeping » des anciens acteurs du marché. Certains essaient de contrôler les ressources et les opportunités, au lieu d’embrasser les nouvelles technologies qui vont mieux servir le consommateur qui évolue d’ailleurs, comme cela se fait au Nigeria, au Ghana, et commence à se faire en Côte d’Ivoire, au Sénégal et au Bénin.

De plus, la mentalité des micro-entreprises ou marchands est encore archaïque. Plutôt que de servir le client pour garantir des revenus réguliers, beaucoup préfèrent l’exploiter. C’est un peu comme si le marchand était roi, ce qui pose un sérieux obstacle au développement de la fintech, notamment dans une économie informelle comme la nôtre.

Aussi, les lois visant à favoriser le secteur de la fintech, comme la standardisation des tarifs ou l’ouverture des infrastructures aux jeunes startups, prennent énormément de temps à être mises en place. Tout cela ralentit considérablement les choses et diminue l’attractivité du pays aux yeux des investisseurs. Le Cameroun a pourtant une grande population jeune et technophile, ainsi que de nombreux entrepreneurs talentueux, mais le manque de cas de succès concrets limite les possibilités d’investissement externe.

Vous êtes co-fondatrice de la fintech FUTA. Qu’est-ce que votre startup apporte comme innovation ?

Futa propose des solutions numériques pour simplifier les paiements et les transferts d’argent. Nous avons mis au point une plateforme ultra-pratique et sécurisée qui permet aux Camerounais d’effectuer des transactions financières en toute simplicité, y compris des paiements instantanés vers tous les réseaux. De plus, nous développons un système de notation de crédit basé sur les données salariales et l’historique des paiements pour faciliter la paie aux entreprises, améliorer la productivité des employés en leur offrant un accès rapide à des micro-prêts sans casse-tête et accélérer le processus d’analyse des dossiers de crédit pour les établissements de crédit.

Que faut-il faire pour accélérer l’inclusion financière en Afrique ?

Pour moi, accélérer l’inclusion financière en Afrique, c’est avant tout une question d’accessibilité. Il faut rendre les services financiers plus faciles d’accès pour tout le monde, avec des solutions adaptées aux réalités locales. Et puis, bien sûr, il faut sensibiliser les gens à l’importance de la gestion financière et de l’épargne et développer des infrastructures numériques ainsi que des partenariats public-privé pour soutenir les initiatives d’inclusion financière à grande échelle.

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