On reparle du projet de construction du chemin de fer Edéa-Kribi-Campo. Avec la récente livraison du second terminal à conteneurs du port en eau profonde de Kribi, des initiatives pour relancer ce projet devant permettre de connecter le réseau ferroviaire actuel, à cette infrastructure portuaire refont surface.
Selon une source proche du dossier, « des pourparlers sont actuellement en cours au sein du gouvernement » afin de mettre en route, ce plan ambitieux, dont le coût est estimé à 744 milliards de FCFA. L’objectif est clair : désenclaver les bassins de production agricoles et miniers, et accroître les exportations des biens vers les marchés internationaux.
Toutefois, la réalité financière reste compliquée. Dans un contexte de rareté des ressources, « le pays fait face à des défis considérables pour attirer les bailleurs de fonds », apprend-on. L’itinéraire ferroviaire Edéa-Kribi-Campo devrait en principe, couvrir les régions du Littoral et du Sud, sur une distance d’environ 185 km.
Selon les informations contenues dans le « Document de Projets à Besoin de Financement (DPBF) » édité en 2023 et que L’Économie a pu consulter, cette section de chemin de fer sera caractérisée par un écartement standard de 1,435 mètre. Le projet qui devrait s’exécuter sur une durée de 5 ans suivant le modèle Partenariat public-privé (PPP) en raison de son coût, devrait reposer sur la base d’un contrat de concession.
A en croire le DPBF, il s’agira d’une plateforme à double voie, avec une charge à l’essieu de 25 tonnes. La solidité de l’infrastructure ferroviaire prévue est de 54 kg/m, pour une vitesse-voyageur de 160 km/h pour les voyageurs et 120 Km/h pour le fret.
AGL et Arise IIP affichent leur appétit
Dans un article publié le 17 mars 2025, le magazine français Africa Intelligence annonçait déjà qu’Africa Global Logistics (AGL), filiale du groupe italo-suisse Mediterranean Shipping Co (MSC), et l’opérateur d’écosystèmes industriels de classe mondiale en Afrique, Arise IIP ont « entamé ces dernières semaines des débats pour relancer ensemble le projet de construction de cette ligne ferroviaire ». Par ailleurs, ajoute notre confrère, le patron du groupe AGL, Philippe Labonne se serait rapproché de la Banque africaine d’Import-export (Afreximbank) pour le même dossier.
Les études de faisabilité réalisées par le consortium italo-canadien Team Engineering/CPCS
C’était en 2017. Le Haut-Commissaire du Canada au Cameroun de l’époque, René Cremonese, au sortir d’une audience avec l’ancien ministre des Transports, Edgar Alain Mebe Ngo’o avait annoncé que le groupement constitué par les cabinets italien, Team Engineering, et canadien, CPCS, avait été retenu pour réaliser les études de faisabilité du projet de construction de la ligne de chemin de fer Edéa-Kribi-Campo.
Le rapport des études de faisabilité du projet mené avait été livré le 21 juillet 2021 au ministre des Travaux publics, Emmanuel Nganou Djoumessi. La prochaine étape, avait annoncé ce dernier, était l’organisation d’une table ronde des investisseurs, en septembre de la même année. Ce qui n’a pas été fait. Du moins, de façon officielle.
La dernière fois que ce sujet a été évoqué remonte au 25 août 2022. C’était au cours de la 38e session du comité interministériel présidé par le ministre des Transports. Jean Ernest Masséna Ngalle Bibehe rassurait alors que « le chantier de modernisation des infrastructures ferroviaires se porte plutôt bien », citant le cas spécifique de la ligne Edéa-Kribi-Campo.
Il faut désenclaver le port
Depuis 2020, le port en eau profonde de Kribi connaît une montée en puissance animée. La construction de la zone industrielle intégrée, qui devrait être signée dans les prochains mois, va créer un environnement propice aux industries locales et internationales. Arise IIP et AGL sont les principaux acteurs de ces projets, aux côtés de la Chec, de Tanger Med Special Agency (TMSA) et de Belmont Investments.
En dehors du projet ferroviaire qui traîne encore dans les bureaux, le gouvernement veut anticiper en aménageant d’abord la voie terrestre. Le ministre des Travaux publics (Mintp), Emmanuel Nganou Djoumessi a lancé le 24 février 2025, un appel d’offres international pour la sélection des entreprises chargées de la reconstruction de la route Édéa-Kribi, longue de 110,05 km. Le délai d’exécution est de 24 mois. Ce projet rentre dans le cadre du projet d’aménagement des routes de désenclavement de la zone industrielle et portuaire de Kribi (Parzik) d’un coût global d’environ 141,27 milliards FCFA.
Le projet de construction de l’Autoroute Edéa – Kribi entre parenthèse
Toujours dans l’optique de désenclaver le port de Kribi, le Document de Projets à Besoin de Financement prévoit une liaison autoroutière entre les villes de Kribi (Mboro) et Edéa sur un linéaire de 98 Km. D’une largeur de 33,5m, l’autoroute devrait être construite avec 2X3 voies + TPC de 3m et 2 bandes d’arrêt d’urgence de 3m. La durée prévisionnelle de réalisation sera de 48 mois, à partir du démarrage des travaux, pour un coût global d’environ 600 milliards de FCFA.
A terme, cet autre projet devra aussi contribuer à la compétitivité du Port en eau profonde de Kribi, à l’amélioration du bien-être des usagers à travers des gains de confort, de sécurité et de temps lors des déplacements entre Edéa et Kribi, à la réduction des coûts unitaires de transport de marchandises et de voyageurs pour différents types de véhicules, et à l’augmentation des gains de productivité des entreprises situées dans le site du complexe industrialo-portuaire de Kribi suite à une réduction des charges de transport.