Le tabagisme reste un défi majeur de santé publique, responsable de millions de décès dans le monde chaque année. Au Cameroun, comme dans de nombreux autres pays africains, les taux de tabagisme restent élevés, en particulier parmi les populations vulnérables. Malgré divers efforts antitabac, de nombreux fumeurs continuent de lutter pour arrêter de fumer, ce qui représente un fardeau persistant pour le système de santé.
La Suède offre cependant un exemple prometteur de réduction des méfaits du tabac. Le pays est sur le point de devenir le premier pays sans fumée d’Europe, avec une prévalence du tabagisme aussi faible que 5,6 %. La réussite suédoise est attribuée à une approche équilibrée qui inclut l’utilisation généralisée du snus, un produit du tabac humide sans fumée qui est bien moins nocif que les cigarettes. Le modèle suédois démontre qu’en proposant des alternatives à la nicotine plus sûres, parallèlement à des campagnes globales de santé publique, les pays peuvent réduire considérablement les taux de tabagisme et les maladies liées au tabagisme.
À la lumière des préoccupations croissantes en matière de santé publique liées au tabagisme, l’Institut pour la liberté et l’innovation politique (ILAPI) a récemment organisé une table ronde sur la réduction des méfaits du tabac (THR) au Ghana. Ce forum critique a réuni des experts pour discuter de l’avenir de la réglementation du tabac en Afrique. En tant qu’expert en santé publique, j’ai eu le privilège de participer à cet événement où les échanges ont souligné l’importance d’adopter des stratégies innovantes pour réduire les méfaits du tabagisme. Au centre de la conversation se trouvait le modèle suédois de réduction des risques, une approche éprouvée qui a considérablement réduit les taux de tabagisme et les maladies liées au tabac. Ce modèle offre un potentiel prometteur pour le Cameroun et d’autres pays africains en tant que voie pratique vers une société sans fumée.
Ce modèle a le potentiel d’être adapté au Cameroun, où les taux élevés de tabagisme s’accompagnent d’un fardeau croissant de maladies liées au tabagisme. En adoptant des stratégies de réduction des risques similaires à celles de la Suède, le Cameroun pourrait réaliser des progrès significatifs en matière de santé publique tout en atténuant les risques associés au tabagisme.
Les réalisations remarquables de la Suède ne sont pas le résultat d’interdictions draconiennes de fumer ou de réglementations punitives. Au lieu de cela, cela résulte d’une stratégie équilibrée visant à encourager l’utilisation d’alternatives à la nicotine plus sûres, parallèlement à des campagnes de santé publique globales et à des réformes réglementaires collaboratives. L’utilisation généralisée du snus, un produit du tabac sans fumée qui s’est révélé bien moins nocif que les cigarettes combustibles*, est au cœur du succès de la Suède. En offrant aux fumeurs des alternatives plus sûres, la Suède a pu réduire considérablement les dommages causés par le tabagisme sans obliger les fumeurs à un choix binaire entre arrêter de fumer ou continuer à utiliser des produits combustibles et le risque pour la santé qui y est associé.
La clé de l’approche suédoise réside dans l’accessibilité, l’acceptabilité et le caractère abordable d’alternatives à la nicotine plus sûres. Ces piliers garantissent que de telles alternatives sont accessibles aux fumeurs, culturellement acceptées et abordables. Le Cameroun pourrait adopter ces principes en promouvant des produits sans fumée similaires ou des systèmes d’administration de nicotine moins nocifs*, en garantissant qu’ils soient largement disponibles et abordables.
La réduction des méfaits reconnaît que même si arrêter de fumer est le résultat idéal, proposer des alternatives plus sûres peut réduire considérablement les méfaits causés par la poursuite de la consommation de tabac*. Dans le cas de la Suède, l’adoption d’alternatives à la nicotine plus sûres comme le snus, les sachets de nicotine par voie orale et les appareils de vapotage a changé la donne, contribuant à une baisse substantielle des maladies liées au tabagisme telles que le cancer du poumon et les maladies cardiovasculaires. L’impact de telles stratégies sur la santé publique est indéniable, et il est temps que d’autres pays envisagent d’adopter cette approche pragmatique.
Plutôt que de se concentrer uniquement sur les campagnes de sevrage tabagique, le Cameroun pourrait intégrer la réduction des méfaits dans ses efforts de lutte antitabac. Le modèle suédois fournit une feuille de route viable pour réduire les méfaits du tabac sans stigmatiser les fumeurs ni recourir à une réglementation sévère. Le Cameroun peut en bénéficier en rendant accessibles des produits à base de nicotine plus sûrs et en offrant aux fumeurs des alternatives pratiques.
À mesure que les stratégies de santé publique évoluent au Cameroun, il est essentiel de reconnaître qu’arrêter de fumer n’est pas toujours possible pour tout le monde. La réduction des méfaits offre une voie permettant de minimiser les dommages causés par le tabagisme, et l’expérience de la Suède offre de précieuses leçons que le Cameroun peut adapter à ses réalités socio-économiques uniques.
En adoptant la réduction des risques, le Cameroun pourrait sauver des vies, réduire les coûts des soins de santé et créer un avenir plus sain. Il est maintenant temps d’agir et de mettre en œuvre une stratégie de lutte antitabac qui aborde les complexités de la dépendance et les défis réels auxquels sont confrontés les fumeurs.
Par Dickson Nsagha, Professeur de santé publique