Le troisième opérateur de téléphonie mobile au Cameroun, et premier à déployer la technologie 3G dans le pays pourrait être cédée à un consortium d’investisseurs américain. Selon une source du quotidien L’Économie, Viettel, qui détient actuellement plus de 50% des parts dans Nexttel, serait en pourparlers avancés avec un consortium américain pour céder sa participation.
« Aux dernières nouvelles, il y a des partenaires américains, qui sont intéressés par la reprise de Nexttel. Les négociations sont bloquées à cause des procédures judiciaires en cours entre Viettel et son partenaire Bestinver Cameroon », nous confie une source proche du dossier. Qui ajoute que « plusieurs rencontres entre les deux parties ont déjà eu lieu ». Si la transaction venait à se concrétiser, elle pourrait apporter de nouvelles perspectives et peut-être la relance de Nexttel. De même, elle pourrait apporter une nouvelle dynamique à l’entreprise.
Avenir incertain
L’avenir de Nexttel Cameroun demeure incertain. Sa direction générale, située au quartier Akwa à Douala, jadis animé ne connaît plus de fréquentations. Constat fait par le quotidien l’Economie le 12 août 2024, autour de midi. Les portes sont fermées à clé, le parking, autrefois bondé de voitures des employés, est complètement vide. En visitant les lieux, il est difficile de ne pas ressentir un certain désespoir. Au cœur du tableau morose, se trouve un vigile, seul employé encore présent. Doté d’une fidélité certaine, il incarne à lui seul l’esprit résilient d’une entreprise qui, malgré tout, tente de subsister. Il est chargé de surveiller l’accès au site. « Les employés ne sont pas encore là. Ils vont arriver bientôt », rassure-t-il.
« Depuis plus d’un an, le bâtiment est comme ça. Les gens ne viennent plus. On ne sait pas ce qui se passe », affirme Georges, voisin. La situation actuelle est le fruit des mois, voire des années, de crise interne qui oppose le vietnamien Viettel à son partenaire camerounais Bestinver Cameroon (Bestcam). Ce différend a fortement impacté les activités de Nexttel, entraînant une cessation complète de l’émission de son signal en mars 2023. Une situation qui n’a pas été sans conséquence sur ses plus de 3 200 000 abonnés. « Pour la continuité de Nexttel, il y a quand-même un service minimum qui est fait. Il y a encore des gens qui utilisent la puce Nexttel. Il y a encore quelques rares employés, surtout techniciens qui essayent de maintenir le réseau, les infrastructures », assure Charles Elie Zang, ancien employé de Nexttel, licencié en 2020.
Démêlés judiciaires persistants
La société vietnamienne Viettel Global Investtment (VGI), avait conclu un pacte d’actionnaires avec la société Bestinver Cameroun (Bestcam). Cette association avait abouti à la création de la Sarl, Viettel Cameroun, devenue Nexttel SA. Estimant que VGI n’a pas « respecté les législations camerounaises et de l’espace OHADA sur l’organisation, le fonctionnement et l’étendue des pouvoirs des dirigeants sociaux de la société Nexttel SA », Bestcam avait requis l’annulation de plusieurs articles des statuts devant le Tribunal de grande instance (Tgi) du Wouri à Douala.
Des sources médiatiques indiquent également qu’il y avait eu des allégations mutuelles de non-respect des obligations contractuelles ainsi que des accusations de mauvaise gestion. Ce climat de méfiance et d’instabilité a créé une atmosphère hostile, rendant pratiquement impossible le fonctionnement normal de l’entreprise. Par une décision du 06 juin 2019, le Tgi du Wouri s’était déclaré incompétent en raison d’une clause compromissoire en faveur du centre international d’arbitrage de Singapour. Sur appel de Bestcam, la Cour d’appel du Littoral va rendre un premier arrêt infirmatif par défaut contre VGI. A la suite de l’opposition de cette dernière, la même juridiction va rendre un arrêt confirmatif de l’arrêt frappé d’opposition.
C’est dans cette ambiance judiciaire que Viettel Global Investtment va saisir la Cour commune de justice et d’arbitrage (CCJA) en tant que juridiction de cassation. Le 11 juillet 2024, la CCJA a confirmé le Jugement n°256/COM du 20 juin 2019 rendu par le Tribunal de grande instance du Wouri et non sans condamner la société Bestinver Cameroun aux dépens. De même, la Cour commune d’arbitrage, dans sa décision, a cassé l’arrêt n°026/COM du 15 janvier 2021 rendu par la Cour d’appel du Littoral à Douala. Depuis lors, les perspectives d’un retour à la normale s’amenuisent. Pour l’heure, aucune communication officielle n’a été faite par l’entreprise.
