Annick, 20 ans étudiante en sciences économiques, vend des gaines dans un groupe Facebook. Elle n’a jamais rencontré la majorité de ses clients mais la vente de ses produits lui permettra de payer ses frais de scolarité cette année. « Je t’ai envoyé des photos sur ton WhatsApp, fais-moi un OM et on te livre avec Coursiers Express ». Alors qu’au Cameroun le taux de pénétration de la téléphonie mobile de 90%, celui d’internet, accessible notamment grâce aux smartphones va jusqu’à 45%, près de la moitié de la population camerounaise a donc au quotidien, une ouverture sur le monde grâce à la technologie et au digital et peut vendre, acheter, traiter une transaction bancaire, ou encore payer ses impôts en quelques clics.
D’ailleurs, pourquoi parle-t-on de technologie et digital ? Si les deux sont des atouts, la technologie qui est l’application des connaissances scientifiques aux objectifs de la vie humaine et l’étude des outils et des machines reste encore chez nous embryonnaire alors que le digital, regroupe les activités, produits et services qui utilisent Internet, se développe de façon exponentielle. Cependant, l’un ne va sans l’autre : portique anti covid développés par l’Agence Universitaire, machines automatiques à boissons, livres audios, prototypes de robots ou encore couveuses… les outils développés par les technologies Made In Cameroon se nourrissent du boom digital certain pour se créer, se développer et répondre aux besoins des populations.
La transformation numérique au Cameroun suit à son rythme la vague du développement des nouvelles technologies qui n’a laissé en reste aucune partie du monde. En effet, de nombreux pays ont pu effectuer un leapfrog, un grand bond en avant dans des domaines tels que l’inclusion financière (avec M-Pesa au Kenya, le mobile money dans les pays francophones). Prenez la frange de notre population qui ne sait ni lire, ni écrire mais peut faire des transactions financières en quelques secondes grâce à téléphones mobiles, pour réaliser l’oxygène que ces solutions apportent pour les populations installées dans les zones lointaines et reculées sans accès au système bancaire.
L’infrastructure numérique est évidemment un des facteurs clé de cette transformation. Bien que le Cameroun ait un retard indéniable à rattraper, l’on peut toutefois noter des actions fortes dans les investissements pour étendre le réseau et la connectivité . Des actions fortes qui sont perçues comme des signaux positifs et démontrent une évolution plutôt positive même si beaucoup reste à faire pour assurer une couverture nationale optimale, équivalent d’un pays comme le Rwanda
Les opérateurs de télécommunication, acteurs majeurs et incontestés de cette transformation ne sont pas en reste, et ces derniers s’illustrent par une offre de service diversifiée, pour se distinguer d’un point de vue concurrentiel et impacter significativement et durablement le nouvel écosystème digital.
Les efforts consentis pour la transformation numérique du pays vont de pair avec son adoption par les Camerounais. Ces derniers ne sont pas de simples consommateurs de technologie ; ils sont aussi des créateurs, des innovateurs, acteurs actifs du changement. : jeunes développeurs ou entrepreneurs sociaux utilisent la technologie pour fournir des solutions de santé à faible coût, et des communautés en ligne émergent pour partager des connaissances et des compétences. Ainsi, le digital est au service de tous, travailleurs comme particuliers
« Avant à la rentrée, fallait courir après la moindre information, passer plusieurs fois à l’école, appeler d’autres parents pour être sûre de ne pas se tromper. Aujourd’hui les groupes créés par l’école de ma fille me permettent d’avoir la bonne information au bon moment » Aline, 35 ans, maman de Sahra, 4 ans. Grâce au groupe Whatsapp de l’école de Sahra les allers-retours à l’école pour des informations mineures ou les longues files d’attente pour parler aux enseignants. Cela permet également de garder le contact avec les autres parents de la classe qui sont dans le groupe
Ce temps gagné se voit aussi dorénavant dans le cadre des déclarations d’impôts pour les entreprises. La Direction Générale des Impôts (DGI) du Cameroun se distingue comme un cas exemplaire de réussite en termes de digitalisation. Grâce à son site web, finies ; désormais, déclarations et paiements peuvent être effectués en quelques clics. Un gain financier majeur pour l’état : pour exemple selon la Direction Générale des Impôts , la plateforme FUSION, qui permet le croisement des fichiers entre les Douanes et les Impôts, a permis à la DGI d’identifier 4 320 importateurs non actifs, ce qui a conduit à fidéliser près de 546 nouveaux contribuables et à générer plus de trois milliards de FCFA en recettes fiscales.
L’impact de la digitalisation se mesure également en termes qualitatifs. La télédéclaration, par exemple, a permis d’atteindre des taux de conformité impressionnants, avec près de 100% de déclarations dans les délais à la Direction Générale des Entreprises et 90% dans les Centres des Impôts des Moyennes Entreprises. Dans le domaine de la commande publique, les droits sont passés de 28,9 milliards de FCFA en 2016 à 37 milliards de FCFA en 2018, soit une augmentation de 8,1 milliards de FCFA.
La digitalisation totale du Cameroun est en cours de manière inclusive, touche toutes les strates de la société, du citoyen lambda aux institutions gouvernementales. Avec la montée en puissance de l’intelligence artificielle et l’extension du réseau mobile dans tout le pays, le Cameroun est à la croisée des chemins et a une occasion en or de favoriser les conditions pour générer des débouchées et stimuler à vitesse grand V des retombées pour une économie toujours résiliente mais surtout plus inclusive.
Imaginez le Cameroun de demain. Les métiers seront radicalement transformés par la digitalisation. Les agro-industries utiliseront des drones pour surveiller les cultures et ajuster les méthodes d’irrigation, tandis que les enseignants utiliseront des plateformes en ligne pour personnaliser l’apprentissage. Dans les hôpitaux, des systèmes d’intelligence artificielle aideront au diagnostic et à la gestion des soins, rendant les services médicaux plus efficaces et accessibles.
Les services publics connaîtront également une transformation radicale.. Le temps gagné et la facilité d’accès aux services publics renforceront à coup sur la confiance à coup en vers nos institutions et augmenteront la participation citoyenne. Le commerce en ligne, déjà en croissance, deviendra la norme. Les consommateurs rechercheront des produits locaux mais avec une qualité globale, utilisant des plateformes numériques pour comparer les prix et la qualité
L’opportunité de créer de la richesse est immense. Les startups camerounaises auront accès à un marché global, et le potentiel d’innovation sera décuplé par l’accès à des technologies de pointe. En résumé, demain sera fluide. Un avenir où la technologie rend la vie plus facile, où les opportunités sont à portée de main, et où le Cameroun se positionne comme un leader dans le paysage numérique mondial.
Par Marylène Owona, Directrice de l’Agence de Communication Kouaba Agency et Habib Iya, Chef de représentation du PAK à Douala. Ils sont aussi les promoteurs du podcast Le Café Tech disponible sur Spotify et Linkedin
