Dans un rapport publié le 18 novembre 2025, Standard & Poor’s, filiale de McGraw-Hill qui publie des analyses financières sur des actions et des obligations, a abaissé de manière drastique, la note de crédit à long terme d’Ecobank Nigeria Ltd. (ENG).
La note d’Ecobank Nigeria chute à ‘CC’
S&P a ramené la note de crédit à long terme de l’émetteur d’ENG, ainsi que la note de son Euro-obligation senior non garantie de 150 millions de dollars, de « CCC-» à « CC ». L’agence maintient une perspective « négative », signalant une probabilité accrue de défaut d’ici six mois.
La cause principale de cette dégradation, apprend-on dans le communiqué de S&P Ratings, est le « non-respect continu du ratio minimum d’adéquation des fonds propres ». Au 30 septembre 2025, ENG n’avait toujours pas reçu l’injection de capital de catégorie 1 supplémentaire (AT1) de 50 millions de dollars précédemment attendue de sa société mère, ETI.
Le ratio minimum d’adéquation des fonds propresd’ENG s’élevait à seulement 7,9 % fin juin 2025, bien en deçà du seuil réglementaire nigérian de 10 %. Bien plus, le remboursement de l’Euro-obligation de 150 millions de dollars arrivant à échéance en février 2026 est désormais considéré comme « contingent » à la capacité d’ENG à recouvrer suffisamment de prêts en devises ou à lever elle-même des instruments AT1.
Au 30 septembre 2025, les prêts problématiques d’ENG représentaient un pourcentage élevé de 69 % de son portefeuille de prêts. Au regard de ces éléments, S&P estime qu’il existe désormais une probabilité accrue qu’ENG restructure ou fasse défaut sur son Euro-obligation, ou que les régulateurs interviennent en mars 2026, à l’expiration de la période de tolérance réglementaire, limitant ainsi sa capacité à honorer ses engagements.
Conséquences sur la maison mère, ETI
La détérioration continue de la solvabilité d’Ecobank Nigeria ne reste pas sans impact sur sa société mère, Ecobank Transnational Inc. (ETI), dont le siège est à Lomé, au Togo. En effet, S&P a révisé la perspective d’ETI de « stable » à « négative », tout en confirmant sa note de crédit à long et à court terme à « B-/B ».
« Un défaut ou une intervention réglementaire chez ENG pourrait augmenter les risques de réputation pour ETI et potentiellement nuire à son accès au refinancement, » explique l’agence.
Il est à noter qu’ETI a récemment conclu un processus de sollicitation de consentement pour modifier la définition de ses « filiales importantes » en septembre 2025. Suite à ce changement, ENG n’est plus considérée comme une filiale importante du groupe. Malgré cette isolation légale, l’agence met en garde sur le fait que l’instabilité de sa filiale nigériane affectera inévitablement la réputation et le profil de crédit d’ETI sur le marché. ETI, qui n’a pas d’échéances obligataires à venir au cours des 12 prochains mois, devra cependant faire face à des échéances de prêts bilatéraux en 2026.
L’évolution de la situation d’Ecobank Nigeria au cours des trois prochains mois sera déterminante pour l’avenir immédiat de la banque et de la perception du risque au sein de l’ensemble du groupe Ecobank.


