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Sorel Mouafo : « Il faut mettre en place des campagnes d’appel à la consommation du made In Cameroon »

(Leconomie.info) -La Présidente du Conseil d’administration du Réseau pour l'Accompagnement des produits et entrepreneurs Camerounais (Rapec) (Rapec), nous livre dans cet entretien ses appréciations sur la nécessité et l'importance de promouvoir le made in Cameroon.

Quelle lecture faites-vous de la place qu’accordent les Camerounais aux produits Made in Cameroon ?

Le Made In Cameroon (MIC) est un aspect apprécié par nombre d’acteurs économiques. De plus en plus, les Camerounais estiment que c’est un sujet important, et sont de plus en plus prêts à payer plus cher pour des produits locaux pour peu que la qualité soit au rendez-vous. Les consommateurs ont de plus en plus un intérêt certain pour le Made In Cameroon et les entreprises possèdent la volonté de répondre à cette demande. L’État, quant à lui, aimerait voir les produits d’origine camerounaise reprendre des parts de marché.

A quel niveau se situe le problème ?

Le développement du Made In Cameroon se heurte à plusieurs obstacles rencontrés à différents niveaux. Tout d’abord, il est difficile pour les produits Camerounais d’être compétitifs par rapport aux produits étrangers, notamment à cause du coût des matières premières ainsi que celui de la main d’œuvre. Cela entraîne une augmentation du prix du produit, ce qui peut également constituer un frein à l’achat : en période de crise, les Camerounais peuvent vouloir privilégier une solution plus économique.

Aussi, le transfert de savoir-faire peut être une autre cause de cette difficulté. En effet, certains professionnels et Entrepreneurs déplorent l’absence de formations de qualité, les techniques de fabrication camerounaise étant limitées et nécessitant un apprentissage plus approfondi.

Cet aspect a une incidence sur la qualité du produit final qui n’est pas toujours à harmonie avec les attentes des consommateurs. Nous pouvons à tout ceci ajouter l’absence de communication et surtout de synergie entre les acteurs et les entrepreneurs qui refusent de se mettre ensemble sous forme soit associative soit coopérative afin de mieux adresser les problématiques auxquelles ils font face au quotidien et être plus fort.

Sur quels leviers appuyer pour améliorer le niveau de consommation du Made In Cameroon selon vous ?

Le développement du Made In Cameroon demande l’implication de tous les acteurs. Du côté des consommateurs, le fait de privilégier à l’achat des produits Made In Cameroon plutôt que des produits fabriqués à l’étranger est essentiel. Au moment d’effectuer l’achat, si la qualité est au rendez-vous et le prix acceptable, le Camerounais devrait privilégier le produit made in Cameroon.

Malheureusement, le consommateur Camerounais commet souvent l’erreur de comparer le prix d’un produit étranger industriel à un produit MIC produit de façon artisanale pourtant le produit industriel bénéficie des économies d’échelle.

Que devraient faire les entreprises pour trouver l’équilibre ?

Proposer des produits Camerounais requiert un effort de réorganisation de la part des entreprises. En effet, cela implique de travailler en priorité avec des partenaires se situant sur le territoire, ainsi que de disposer des outils nécessaires comme la métrologie, pour maîtriser la production du produit du début à la fin avec plus de rigueur pour un résultat irréprochable.

Cependant, les entreprises attendent de l’Etat des mesures afin de dynamiser l’économie nationale et rendre plus aisée la production de produits Camerounais, notamment en essayant de rendre ces produits plus compétitifs face aux offres venues de l’étranger.

Quelles sont les mesures prises au niveau des pouvoirs publics pour accompagner les entreprises locales ?

L’État est déjà dans cette démarche avec les incitations contenues dans la loi de finances depuis 2021 et enrichie chaque année, à travers aussi la mise en place de fonds de garantie pour les jeunes entrepreneurs avec un guichet spécial pour la diaspora, le fonds de facilitation pour le crédit dans les secteurs de la pisciculture, l’élevage et l’agriculture, la commande publique qui priorise à 60% les produits pour lesquels le Cameroun jouit d’une offre locale suffisante, des mécanismes d’accompagnement de l’État qui doivent se réinventer pour s’adapter aux réalités et contraintes des entrepreneurs locaux.

L’État et les médias devraient aussi mettre en place des campagnes nationales de sensibilisation, d’information et d’appel à la consommation du Made In Cameroon afin de réveiller le patriotisme qui sommeille dans les Camerounais. Les choses évoluent, certainement pas avec la vitesse que nous souhaitons, mais au moins elles évoluent et les Camerounais s’intéressent de plus en plus au Made In Cameroon et à sa promotion. Nous devons juste continuer de travailler dur et être patient.

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