Le projet est « en voie de démarrage », selon le président de la République, Paul Biya, lors de son adresse à la nation, le 31 décembre 2024. Lui, qui l’a annoncé lors du Comice agropastoral d’Ebolowa en 2011. 14 ans après, la promesse du chef de l’Etat n’est toujours pas tenue. La construction de la route Ebolowa-Akom II-Kribi reste très attendue par les populations et autres usagers de la route.
Les travaux vont s’effectuer sur un linéaire de 179,2 km. Le projet vise le désenclavement des bassins de production et surtout, favoriser la circulation des marchandises depuis et vers le Port autonome de Kribi. Préalablement envisagé pour 2024 par le président de la République, le démarrage des travaux est finalement projeté au premier semestre 2025 par le ministre des Travaux publics. C’était lors de la revue des projets routiers du troisième trimestre 2024.
Pour expliquer ces retards, le membre du gouvernement a indiqué que la construction de cette route était confrontée à des difficultés financières relatives aux procédures de mobilisation des fonds auprès du bailleur. Notamment, la signature et la mise en vigueur de la deuxième convention de financement. Des reports qui freinent l’élan de ICM, entreprise italienne à qui le projet a été confié en 2017, pendant le séjour de Paul Biya en Italie au mois de mars, qui voulait entamer les travaux en 2022, pour une durée de 36 mois.
En août 2023, le ministre de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire a été autorisé à signer avec Standard Chartered Bank Londres, un accord de prêt de 198,8 millions d’euros, soit environ 130,4 milliards FCFA, pour financer la réalisation dudit projet. L’enveloppe a été rallongée de 8 milliards FCFA auprès du même bailleur, portant l’enveloppe globale à un peu plus de 138 milliards FCFA.
Le surplus intervient après que le pourvoyeur de fonds a exigé du constructeur ICM, qu’il se conforme aux exigences environnementales. Ainsi, le montant était destiné à l’élaboration et la mise en œuvre d’un plan de gestion environnementale et sociale (PGES). Des ressources sollicitées après la signature d’un contrat de gré à gré le 23 mars 2022, entre Emmanuel Nganou Djoumessi et Roberto Costantini, directeur Afrique de l’entreprise italienne ICM Construction.
Calvaire sur la route
« C’est un véritable parcours du combattant, on en ressort avec le corps en compote. Certains ponts ne sont pas aménagés, il faut vraiment faire preuve de vigilance pour ne pas faire un accident », s’exprime un usager de la route lui qui, n’a effectué qu’environ 80 km sur cette route qui relie le chef-lieu de la région du Sud à la cité balnéaire de Kribi. Parti d’Ebolowa à 22h, celui-ci confie être arrivé à Akom II, le lendemain, aux environs de 4h du matin. C’est dire toutes les difficultés qu’il y a à circuler sur cette route. Un calvaire qui dure depuis longtemps, et qui n’est pas proche de la fin.
Partir de la capitale régionale du Sud pour se rendre à Kribi, dans la même région, il faut parfois contourner par le Centre et le Littoral. Le chemin est plus long (près de 500 km), mais beaucoup préfèrent cette alternative pour éviter les tracasseries sur la nationale n°17, longue de seulement 179,2 km.
« C’est l’un des voyages les plus difficiles que j’aie jamais effectués de ma vie. La route est dans un mauvais état, elle n’est pas matérialisée. Certains ponts sont sans garde-fou, du coup, l’usager qui est véhiculé peut aisément se retrouver dans la rivière que le pont enjambe. Honnêtement, c’était un vrai calvaire. Nous étions en 4*4, au retour on a eu un choc et le véhicule a été affecté. Nous sommes restés coincés dans un bosquet jusqu’à environ 19 h », déplore un autre usager.
En juin 2023,le ministre des Travaux Publics, Emmanuel Nganou Djoumessi, avait instruit les travaux de maintien de la circulation sur cette route pour un coût de 150 millions FCFA. L’objectif était de fluidifier le trafic sur la route Ebolowa-Akom2-Kribi, en attendant la signature de la convention de financement. En effet, les négociations avec Ukef et ICM s’étant prolongées, il a voulu apporter une solution ponctuelle, pour soulager les populations, en attendant le gros œuvre, qui reste toujours attendu.
Le projet est divisé en deux lots. Le premier concerne Ebolowa-Akom II (81,6 km) et le second, Akom II pour Kribi sur 80 km. Deux voies de contournement sont prévues à Ebolowa (1,4 km) et Kribi (12,3 km), ainsi que l’aménagement de bretelles et d’ouvrages d’art.
Le ministre des Travaux publics espère procéderà la signature de la convention de financement au cours du premier semestre 2025 ainsi qu’à sa mise en vigueur. En attendant, les populations continuent de souffrir.
