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Présidence de la BAD : Albert Zeufack, le joker du Cameroun 

(Leconomie.info)  Le gouvernement a sollicité l’accord du président de la République, Paul Biya pour soutenir la candidature de cet économiste qui occupe actuellement le poste de Directeur pays de la Banque mondiale pour la République démocratique du Congo (RDC), l’Angola, le Burundi et Sao Tomé et Principe.  Enjeux pour le pays et défis à relever lorsqu’on sait que la candidature d’Abbas Mahamat Tolli, ex gouverneur de la Beac a déjà été porté par la Communauté économique et monétaire de l’Afrique Centrale.

Selon les sources du quotidien l’Economie, le ministère des Relations Extérieures a écrit au Ministre d’Etat, Secrétaire général de la présidence de la République, Ferdinand Ngoh au mois de juillet 2024 pour solliciter le « Très Haut Accord du président de la République Paul Biya, afin qu’il autorise le gouvernement à soutenir la candidature du Dr. Albert Zeufack, Directeur pays de la Banque mondiale pour la République démocratique du Congo (RDC), l’Angola, le Burundi et Sao Tomé et Principe qui se porte candidat à l’élection de la Présidence de la Banque Africaine de développement (BAD).

Si Albert Zeufack officialise sa candidature, il sera le deuxième à le faire en Afrique Centrale. La candidature de Abbas Mahamat Tolli, ancien gouverneur de la Beac ayant déjà été portée par la Communauté économique et monétaire de l’Afrique Centrale (Cemac). Cependant, cette candidature pourrait néanmoins ne pas prospérer. Selon certaines indiscrétions, le « candidat tchadien n’aurait pas bonne presse auprès des Etats membres de l’Union africaine ».  Ces derniers lui reprocheraient des erreurs de gestion lors de son passage à la Beac notamment « le tribalisme, le népotisme et le non-respect des procédures ayant conduit au scandale des recrutements à la Beac, en 2022 ».  Le fait qu’un tchadien soit président de la Commission de l’Union Africaine depuis 2017 « pourrait également disqualifier la candidature de ce pays, et faire perdre à la zone Cemac une opportunité rêvée de décrocher ce prestigieux poste ». C’est pourquoi le Cameroun veut se positionner comme alternative au Tchad en proposant la candidature d’Albert Zeufack, « dans le but de préserver les intérêts de la Cemac ».

Enjeux

Le Cameroun veut soutenir la candidature d’Albert Zeufack pour plusieurs raisons. Cela lui permettrait de :  mobiliser davantage des prêts concessionnels via le guichet BAD, afin de financer les projets de la stratégie nationale de développement (SND30), renforcer les possibilités de financement en faveur du secteur privé, pour mieux accompagner le processus d’industrialisation national, disposer d’une position d’influence stratégique au niveau mondial, retrouver « un poste digne du statut du Cameroun, comme colosse économique de la Cemac dans les instances régionales », disposer d’un réseau d’influence mondial élargi , suite à l’élection de Philémon Yang à la présidence de la 79ème Assemblée Générale des Nations Unies.

Défis à relever

Selon notre source, le dossier d’Albert Zeufack est suivi de près par le ministère de l’Economie, de la planification et de l’Aménagement du territoire que dirige Alamine Ousmane Mey et par le ministère des Finances, piloté par Louis Paul Motaze. Pour que la candidature camerounaise prospère, plusieurs actions doivent être menées. Le Cameroun doit « obtenir le soutien des pays de l’Afrique Centrale, négocier avec le Tchad qui est lui aussi intéressé par le poste et avec qui le Cameroun sort d’un imbroglio diplomatico-économique suite à l’affaire Savannah Energy, se faire adouber par l’Union Africaine dont les membres représentent 61% des voix, et qui a présenté Philémon Yang à la présidence de la 79ème Assemblée Générale des Nations Unies ». Aussi, il faut « donner des assurances aux partenaires non africains de la BAD notamment les Etats-Unis, la France et l’Allemagne pour la sauvegarde de leur intérêt ».  

Il est important que le Président de la République, Paul Biya donne son accord pour la candidature d’Albert Zufack pour que le dispositif diplomatique camerounais de campagne se mette en branle.

30 ans dans le développement économique international

C’est au regard de son profil que le gouvernement a décidé de soutenir sa candidature à la présidence de la BAD. Albert Zeufack occupe en effet actuellement le poste de Directeur pays de la Banque mondiale pour la République démocratique du Congo (RDC), l’Angola, le Burundi et Sao Tomé et Principe. En tant que directeur pays de cette institution, il gère « un portefeuille de 14 milliards de dollars et supervise 250 employés dans les 6 bureaux africains.

Il a rejoint la Banque mondiale en 1997 en tant que chercheur au sein de la Division macroéconomie et croissance au Département de la recherche. Il a été économiste en Chef de la Banque mondiale pour la région Afrique. Il a occupé différents postes au sein des Régions Asie de l’Est et Pacifique. Son principal domaine de recherches porte sur les fondements microéconomiques de la macroéconomie.

Titulaire d’un Doctorat en économie de l’Université de Clermont-Ferrand (France) en 1996, Albert Zeufack a obtenu DEA en analyse et politiques économiques de l’Université de Yaoundé. Il est aussi diplômé de Stanford et Harvard. Il est auteur de diverses publications qui abordent des thèmes d’actualités comme l’industrialisation, le développement numérique, et l’intégration régionale. Selon le gouvernement camerounais, il a su « s’imposer comme un leader incontesté parmi les compatriotes exerçants dans les institutions de Bretton Woods ». A noter que le mandat du président de la BAD, Akinwumi Adesina arrive à son terme le 31 août 2025.

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