Il y a quelques mois, le Groupement inter patronal du Cameroun (Gicam) et Entreprises du Cameroun (Ecam) ont décidé de fusionner. 73,7% des membres du Gicam avaient dit oui à la fusion au cours d’une Assemblée générale tenue le 11 juillet 2023.
Le lendemain, 12 juillet 2023 au cours de l’Assemblée générale d’Ecam, les adhérents avaient également voté pour la fusion à 96 ,72%. Lors de la cérémonie de signature du traité de fusion le 5 avril 2023, les présidents du Gicam (Célestin Tawamba) et d’Ecam (Protais Ayangma) avaient dans leurs discours respectifs, justifié leur projet (de fusion Ndlr) par la volonté de construire une nouvelle centrale patronale « plus forte », « moderne », « plus puissante », « plus audible », « plus influente », « plus performante », « plus représentative » et « plus à l’écoute des nouveaux enjeux ».
Au cours de l’Assemblée générale constitutive du Gicam qui se tiendra ce 14 décembre 2023, une nouvelle étape va être franchie dans le processus de fusion au regard des points inscrits à l’ordre du jour : présentation des statuts, présentation du règlement intérieur, présentation de la nouvelle identité nominative et visuelle, approbation des textes constitutifs, résolutions…
« En clair, la fusion création qui a été votée suppose que le nom Gicam sera dissout, ainsi que tous ses statuts. Ce qui implique une nouvelle appellation (qui sera sans doute connue ce jour), une nouvelle identité visuelle, un nouvel organigramme. Par conséquent, Célestin Tawamba peut se représenter à souhait », explique un membre du Gicam.
Divergences d’opinions
Après la signature du traité de fusion le 5 avril 2023, deux camps s’étaient formés au Gicam. Ceux qui étaient pour la fusion et ceux qui étaient contre. Ceux qui avaient voté pour la fusion soulignaient alors que l’unification est un impératif majeur, nécessaire pour resouder le patronat camerounais. Pour eux, la fusion permettra : d’accroitre le nombre d’adhérents, de booster l’influence des échanges et discussions avec les pouvoirs publics, de renforcer la représentativité du patronat en Afrique Centrale et en Afrique Francophone, de positionner la nouvelle centrale patronale comme interlocuteur auprès des partenaires sociaux, publics et internationaux.
Ceux qui étaient contre la fusion avaient également défendu leur point de vue. Dans une correspondance adressée le 19 juillet 2023, au président du Gicam, Célestin Tawamba, Richard Howe, président du Comité des sages du Gicam avait par exemple souligné que les 73,7% des voix exprimées par les adhérents en faveur de la fusion avec Ecam, au cours de l’assemblée générale extraordinaire tenue le 11 juillet 2023 à Douala, n’étaient pas suffisants pour approuver le projet de fusion suivant le paragraphe 17.3 des statuts du Gicam. « …la majorité obtenue le 11 juillet dernier à savoir 73,7% est inférieure aux 75% requis par les statuts du Gicam en cas d’avis non conforme du Comité des Sages comme cela a été le cas », avait écrit Richard Howe.
Il avait par ailleurs ajouté : « Monsieur le président, à titre personnel et après un sondage de l’opinion de la plupart des membres du Comité des Sages, je vous confirme mon soutien personnel pour votre initiative louable (également soutenue par le Comité que j’ai l’honneur de présider) d’unifier les deux institutions, mais de le faire en réintégrant Ecam comme membre institutionnel au lieu de mettre fin à notre maison commune de 66 ans qu’est le Gicam ».
Emmanuel Wafo Foko, Pdg de MIT Chimie et opposant à la fusion-création avait également réagi à travers son compte LinkedIn. « Nous restons solidaires des 85 autres membres qui se sont prononcés contre la fusion car jusqu’à date, nous n’avons aucun élément qui nous rassure quant à l’opportunité de cette Fusion-Création pour l’intérêt associatif du Gicam. Nous continuons également de questionner le processus qui nous y a conduit, au regard des règles d’éthique et de gouvernance du Gicam », avait-il écrit.
Aujourd’hui, l’avenir des antagonistes à la fusion qui représentent environ 26,5% des membres du Gicam se pose. « 26,5% c’est beaucoup quand on sait ce que ça peut représenter comme entreprise, comme nombre. Les 26,5% des Non (à la fusion Ndlr) iront peut-être créer un Gicam bis. Le Patronat Camerounais sort affaibli de cette guéguerre », souligne un analyste.