A la mi-février 2025, le Congo a signé avec la Société nationale sénégalaise d’Electricité (SENELEC), un Contrat de délégation de gestion du service public de distribution et de commercialisation d’électricité par Affermage. Cette décision est fortement contestée par des acteurs locaux. Qu’en est-il réellement ?
Il faut restituer le contexte. Aujourd’hui, l’opérateur historique qui est Energie électrique du Congo (E²C SAU) a montré ses limites en termes d’exploitation du segment de distribution. Cette société enregistre aujourd’hui, beaucoup de difficultés et d’énormes pertes qui globalement sont de l’ordre de 48 à 50%. C’est pour cela que le gouvernement, dans le contexte économique qui est assez difficile actuellement, a entrepris des réformes, notamment dans ce segment-là, en procédant à ce qu’on appelle, la délégation du service public par affermage. Donc, il y a eu un appel d’offres international qui avait été lancé. Et contrairement à ce que l’on pense, ce n’est pas un contrat entre le Congo et le Sénégal.
C’est l’Etat congolais qui a lancé un appel d’offres international, et le Sénégal, via Senelec, a répondu à cet appel d’offres, et a été retenue sur la base des critères arrêtés dans les termes de référence. Donc, des négociations ont été entreprises pendant des semaines, qui ont abouti à la signature d’un contrat entre l’Etat congolais, qui est propriétaire des infrastructures du secteur de l’électricité, et la société Senelec qui va être le prochain délégataire du service public par affermage. Cela veut dire que le prestataire Senelec va accompagner l’Etat congolais dans le segment de la distribution, en apportant son expérience, son expertise technique, et tous les éléments qui pourront améliorer les performances et réduire les pertes.
Dans ce modèle particulier d’affermage, la société Senelec n’apporte pas des capitaux. Contrairement à ce que les gens pensent, ils ne sont pas détenteur des capitaux. Quand on parle de 85% détenus par le fermier, et 15% par l’Etat par le biais de la société de patrimoine (E²C), c’est tout simplement en termes de revenus et cash-flows. Le contexte économique fait que l’Etat n’investit pas directement dans l’amélioration de ses services de distribution et commercialisation. Mais il a obtenu un accord de prêt avec la Banque mondiale, d’où la mise en vigueur du Projet d’amélioration des services d’électricité (PASEL).
Au regard de ce que vous venez d’expliquer, peut-on conclure que le contrat entre l’Etat congolais et l’entreprise sénégalaise Senelec reste en vigueur ?
La Convention d’Affermage signée par le Président de la République ne peut être annulé du jour au lendemain. Des inquiétudes ont été exprimées par certains syndicats, mais celles-ci résultent d’un manque d’information sur les termes de l’accord. Une réunion a récemment eu lieu entre le gouvernement et les partenaires sociaux, débouchant sur la mise en place d’un comité interministériel chargé d’examiner les textes et de rechercher un consensus en vue d’améliorer le contrat.
Quelle est la situation réelle du secteur de l’électricité au Congo actuellement ?
L’évolution vers des conventions de concession pour la production et un affermage pour la distribution témoigne des défis rencontrés par le secteur. Plutôt que de laisser la situation se détériorer davantage, le gouvernement a choisi d’associer des partenaires privés pour relever ce pilier essentiel du développement économique.
Quelles sont les sources d’énergie prioritaires pour le gouvernement congolais ?
Nous avons un potentiel hydroélectrique estimé à 27000 mégawatts. Nous avons le Barrage de Moukoukoulou (74 MW), le Barrage d’Imboulou (120 MW), le barrage de Liouesso (19 MW) et le Barrage du Djoué (15MW) qui est en arrêt, dont il va falloir développer, et moderniser. Mais pour l’instant, le mixte énergétique est dominé par la centrale thermique à Gaz, détenue par la société Centrale électrique du Congo (CEC). Vous savez, en termes de construction, la centrale thermique se fait en 2 ans, contrairement au barrage qui se fait en 5 ans. Et c’est plus onéreux de construire un barrage et moins à l’exploitation.
Par contre, le thermique, c’est moins onéreux à la construction, et plus à l’exploitation. Comme on a du gaz qui est disponible, l’Etat a pour l’instant, pris l’option d’aller vers le gaz qui permet aussi de pouvoir respecter les dispositions du décret sur la revalorisation du gaz afin qu’on ne puisse plus faire du torchage et donc de pouvoir avoir de l’Energie en termes de production qui soit disponible tout de suite. Aujourd’hui, le producteur le plus important, la CEC installée à Pointe-Noire, a une production installée de 487 MW.