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Mécanisation de l’agriculture : les défis du Ceneema

(Leconomie.info) - Dans une interview accordé au quotidien l'Economie,  Andrée Caroline Mebande Bate, directeur général du Centre national d’études et d’expérimentation du machinisme agricole, revient sur les actions que mène la structure qu’elle dirige dans le but de rapprocher les services de mécanisation auprès des exploitants agricoles

.Madame le Directeur Général, une mission d’évaluation venue des services de la Primature s’est rendue le 04 juillet 2023, sur le site de l’usine à tracteurs d’Ebolowa, descente à laquelle vous avez pris part en tant que Directeur Général du Centre National d’Études et d’Expérimentation du Machinisme Agricole. Que peut-on retenir de cette visite ?

En effet, une délégation interministérielle, à laquelle j’étais membre, s’est rendue le 04 juillet 2023 à l’usine d’assemblage des tracteurs d’Ebolowa sous la conduite de Monsieur le Conseiller Spécial N°2 du Premier Ministre, Chef du Gouvernement accompagné par Monsieur le Gouverneur de la Région du Sud. Il s’agissait pour cette délégation d’évaluer les dispositions prises pour l’accueil et la sécurisation des engins issus de la convention « manioc » en cours d’acheminement du Port de Douala pour le site de ladite usine.

En effet, dans le cadre de la continuité du protocole de collaboration avec le partenaire indien Exim-Bank India, le Gouvernement camerounais a signé le 14 septembre 2012 une deuxième convention de financement pour le développement de la filière manioc, dite « Convention Manioc » pour un montant de 42 millions de dollar US, soit environ 25,57 milliards FCFA.

Ladite convention a prévu, outre la formation des formateurs, la fourniture d’un important lot d’équipements pour le désenclavement des bassins de production, le défrichement, la préparation du sol, le transport d’intrants et produits agricoles et la production et l’entretien des cultures. Lesdits équipements ont déjà été en partie acheminés à Ebolowa.

Il a donc été question de faire un état des lieux des infrastructures abritant l’usine et de proposer des mesures urgentes à prendre pour la sécurisation de ces équipements dont la réception et la rétrocession officielle au Ceneema se feront dans les prochains mois.

Le gouvernement camerounais avait une convention avec le gouvernement indien et il y a eu une première phase de 1000 tracteurs. Qu’est-ce qu’il en est de cette convention ?

En effet, une première convention de financement avait été signée le 20 avril 2009 pour le développement des filières riz et maïs, dite « Convention Riz-Maïs » pour un montant de 37 650 000 dollar US, soit environ 22 milliards de FCFA avec le partenaire indien Exim-Bank India portant sur deux volets notamment le volet « assemblage » placé sous la supervision du Ministère en charge de l’Aménagement du Territoire et le volet « productions agricoles » porté par le ministère en charge de l’Agriculture et du Développement Rural.

Cette convention a permis la construction d’une usine d’assemblage des tracteurs bâtie sur 10,8 ha comprenant (i) une unité d’assemblage des tracteurs avec une cabine de peinture intégrée, (ii) des hangars de stockages d’une capacité de 600 tracteurs, (iii) un magasin des pièces détachées, (iv) une unité de fabrication du matériel et équipements agricoles, (v) une aire d’essai des tracteurs, (vi) un bloc administratif, (vii) une cantine, (viii) une guérite et (ix) un local avec groupe électrogène.

Elle a également permis l’assemblage et la mise à disposition de 979 tracteurs et plus de 3 039 outils agricoles à des structures publiques et privées, des GIC et coopératives agricoles et même des communes.

A date, cette convention a été clôturée et laissé place à la seconde convention dont la construction et l’opérationnalisation des Pools d’engins est en cours avec l’arrivée des engins mentionnés précédemment.

Que pouvez-vous nous dire sur le projet d’implantation des pools de mécanisation dans certaines localités du pays, à l’instar de Lagdo, Foumbot, Santa, Nkongsamba entre autres ?

En fait, en vue de pérenniser ces importants investissements consécutifs à ces deux conventions et d’optimiser leur mise en valeur suivant la Très Haute Instruction du Chef de l’Etat au Comice Agropastoral d’Ebolowa en 2011 « de mettre en œuvre l’Agriculture de Seconde Génération », le

Ceneema a sollicité et obtenu du MINADER la rétrocession de seize Pools d’engins agricoles en 2021 et du MINEPAT la rétrocession complète de l’usine d’assemblage des tracteurs d’Ebolowa et des dix Pools d’engins créés dans les régions.

Par la suite, en vue d’entériner ces rétrocessions et d’assurer le déploiement efficient du Ceneema sur l’ensemble du territoire national et de rapprocher les services de mécanisation des exploitants agricoles, le Conseil d’Administration du Ceneema a créé douze (12) Antennes Régionales et vingt (20) Pools de mécanisation agricole qui intègrent et absorbent l’ensemble des structures crées par le MINADER et le MINEPAT à l’instar bien évidemment de Lagdo, Foumbot, Santa, Nkongsamba et autres et ce, conformément au décret portant réorganisation du Ceneema qui lui confère la mission de « création de Pools de Mécanisation agricole en vue de l’ouverture et de l’entretien des voies de mécanisation ».

Le défi actuel pour le Ceneema étant de rendre fonctionnel toutes ces entités, l’opérationnalisation en cours de celles-ci, dont certaines sont en réhabilitation et d’autres en construction, nécessitera une répartition efficiente des engins et équipements issus de la seconde convention (convention manioc) avec pour but de contribuer à l’augmentation de la production des céréales (maïs, riz, sorgho…), des légumineuses à graines (soja, haricot…) des racines et tubercules (manioc, patate douce, igname, pomme de terre…), et même du poisson et du lait à travers l’appui à l’aménagement et la viabilisation des espaces gage de réussite de la stratégie d’import-substitution mise en place par le Gouvernement.

Le 13 janvier 2022 à Yaoundé, la structure dont vous avez la charge et la société Gradit Technoloc-Industries Sarl, ont signé une convention de partenariat d’une durée de 6 ans. Ce partenariat vise à accélérer la mécanisation de l’agriculture au Cameroun. Et si on revenait sur ce partenariat, plus de deux après sa signature?

Le Ceneema a effectivement signé avec l’entreprise Gradit Technoloc-Industries SARL une convention de partenariat en vue de développer, d’accord-partie, la recherche et la vulgarisation de la mécanisation agricole notamment les études et réalisations sur certaines machines agricoles (motoculteur, batteuse de riz, éplucheuse, râpeuse, presse, broyeuse, séchoir…).

Les actions à mener portent sur une durée de six ans. La mise en œuvre de ladite Convention a connu d’énormes aléas intervenus en période du Covid-19 dont l’impact a été perceptible tant sur le plan technique que financier car il faut noter que des plans de travail annuels avaient été adoptés dans le cadre d’un contrat de performance à cofinancer par les deux parties et à évaluer à la fin de chaque année.

Toutefois, ce partenariat reste d’actualité et actif pour nos deux structures dans le cadre d’un partage d’expertise et de savoir-faire dans le domaine de la fabrication des machines et outils agricoles et ce d’autant plus que le plateau technique de l’usine d’Ebolowa constitué d’importantes machines- outils et dont la rétrocession au Ceneema est en cours permettra la mise en œuvre efficiente du plan d’actions de ladite convention de partenariat.

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