Marché Mokolo : Le difficile assainissement
(Leconomie.info) Un énième ultimatum de la Mairie de la ville de Yaoundé donne jusqu’au 20 novembre 2024 aux vendeurs ambulants pour libérer les routes et trottoirs. A quelques jours de l’échéance, rien n’a bougé.
« Le maire de la ville de Yaoundé informe les populations de la cité capitale que la Communauté urbaine de Yaoundé vient d’achever les travaux d’extension du marché Mokolo, à travers la construction de grands hangars, boutiques, et un espace ouvert pour la vente des vivres et autres activités, pouvant accueillir plus de 1 500 vendeurs » informe dans un communiqué publié le 1er novembre 2024, Luc Messi Atangana, maire de la ville de Yaoundé.
Ce dernier demande à tous les commerçants ambulants et ceux qui occupent les rues et les trottoirs des zones de Mokolo (lieu-dit Mokolo-Elobi) et Elig-Effa de regagner ce nouveau site à compter de lundi 04 novembre 2024, jusqu’au 20 novembre 2024 au plus tard. « Faute pour eux de s’exécuter dans le délai ainsi prescrit, les espaces qu’ils occupent actuellement illégalement seront libérés par la force publique », précise le communiqué du maire de la ville de Yaoundé.
D’une superficie de plus d’un hectare, le nouveau local est doté de 250 boutiques ainsi que de boxes d’environ 2 700 comptoirs. A date, malgré l’ultimatum donné par Luc Messi Atangana, les commerçants occupent toujours anarchiquement les espaces querellés sur la voie publique.
« Aujourd’hui, lorsqu’on circule du côté de Mokolo, on a comme l’impression que les rues n’existent pas. Les embouteillages, les agressions, tout est mélangé. L’aménagement de ces espaces permettra donc de réduire non seulement le nombre des vendeurs sur les trottoirs mais également ça permettra la fluidité de la circulation routière, le retour à l’ordre et à la sérénité », explique Hyacinthe Abega Atedjoe, chef service de l’urbanisation à la Communauté urbaine de Yaoundé dans les colonnes de Cameroon Tribune, édition du lundi 11 novembre 2024.
D’ici le 20 novembre 2024, l’on devrait logiquement s’attendre à des déguerpissements forcés des commerçants qui n’auront pas respecté les instructions du maire de la ville. « La Communauté urbaine de Yaoundé dispose d’un répertoire de sanctions concernant ceux qui occupent de manière illégale les espaces publics. Le maire de la ville peut procéder à la saisie du matériel comme il peut faire appel à la force publique pour défiance à l’autorité » renchérit Hyacinthe Abega Atedjoe
Un casse-tête permanent
Lors d’une de ses récentes visites sur le site, le maire de la ville de Yaoundé avait déjà sommé les commerçants de regagner le nouvel espace, leur accordant alors jusqu’au 1er septembre 2024. A date, aucun changement visible sur le terrain. L’occupation anarchique de la voie publique par certains commerçants au marché Mokolo dans le 2ème arrondissement de Yaoundé a toujours été un casse-tête permanent pour les autorités.
Les raisons de cette résistance à l’autorité municipale sont multiples. Le coût élevé de la location des nouvelles boutiques reste le principal argument des commerçants installés le long de la voie publique. « Même installés au bord de la route, nous payons déjà des taxes au marché. Si nous quittons le bord de la route, il sera très difficile pour notre clientèle de nous retrouver là où nous serons relogés », explique Carlos N. commerçant de friperie au marché Mokolo. Il faut dire que l’instauration de l’ordre public au marché Mokolo à Yaoundé a toujours été un caillou dans la chaussure des autorités publiques depuis des années.
Un matin du 10 février 2016, Gilbert Tsimi Evouna (actuel président du conseil régional de la région du Centre) alors délégué du gouvernement auprès de la Communauté urbaine de Yaoundé (CUY), les commerçants du marché Mokolo ont vu débarquer des escouades d’agents de sécurité de la Communauté de Yaoundé appuyés par des éléments des Forces de défense et de sécurité (FDS) avec pour objectif de faire déguerpir les commerçants installés le bord de la route.
Ça avait également été le cas sept ans plus tôt, en 2009. Plusieurs secteurs étaient concernés par ces casses. Les déguerpissements avaient alors touché les vendeurs de vêtements et de chaussures de seconde main encore appelés friperie, de vendeurs de produits de beauté, les détaillants des denrées alimentaires, du secteur des « poseurs d’ongles » et des vendeurs de « chinoiseries » qui étaient installés à même le sol sur les parkings.
Les commerçants jonglent
Le rituel est bien connu des Camerounais. Les comptoirs des vendeurs à la sauvette sont détruits par la communauté urbaine mais quelques temps après, ces vendeurs reconstruisent d’autres comptoirs aux mêmes endroits. L’espace baptisé « Sauvette de l’Emergence » inauguré le 27 juillet 2017 par Gilbert Tsimi Evouna en son temps, avait également été l’objet de beaucoup méfiance de la part des commerçants.
Ces derniers s’offusquaient du fait qu’un comptoir de 1 m2 est cédé à 10 000 FCFA par mois contre 30 000 FCFA et 70 000 FCFA pour les boutiques en fonction des espaces. Pour les commerçants, le plus difficile était le fait d’avoir confié la gestion de cet espace à des sous-traitants qui ont acquis tous les droits auprès de la CUY. Affaire à suivre…