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Hervé Blaise Feunke : « Certains établissements de microfinance ont décidé de ne plus financer les marchés publics »

(Leconomie.info) - À l'issue des travaux entre le secrétariat général de la Commission Bancaire de l'Afrique Centrale (COBAC) et les établissements de microfinance de la CEMAC tenus les 11 et 12 novembre 2024 à Douala, des discussions cruciales ont été engagées pour évaluer le paysage financier actuel et les défis auxquels font face les établissements de microfinance. Hervé Blaise Feunke, Directeur Général Adjoint du Fonds Camerounais d'Épargne pour le Progrès (FOCEP), qui a pris part à ces assises, a accepté de partager son analyse sur ces deux jours de concertation. Il met en lumière, les difficultés rencontrées par les établissements de microfinance, notamment les obstacles réglementaires, financiers et opérationnels qui entravent leur développement

 

Vous étiez en concertation avec la Cobac relativement à la règlementation de 2017 régissant l’activité des EMF en zone Cemac. Quel commentaire faites-vous ?

A l’issue de tout ce qui a été dit depuis d’hier, les recommandations reviennent plus sur les constats que les Etablissements de microfinances (EMF) font dans l’application du règlement de 2017. Maintenant, la Cobac joue son rôle, qui est de superviser et de jouer un peu le gendarme. Les EMF veulent beaucoup plus de facilités. Il y a certaines recommandations où la Cobac est restée assez ferme parce qu’ils doivent jouer leur rôle de gendarme. Sur le volet concernant la lutte contre le blanchiment d’argent, c’est un volet qui est international.

Puisqu’aujourd’hui, avec des problèmes de financement de terrorisme et autres, la microfinance qui oriente beaucoup de flux financier est obligé de se conformer à cette règlementation sur la lutte contre le blanchiment. Et il faudrait que dans tous les EMF, que ce dispositif soit en application, pour qu’on se rassure que les fonds qui circulent sont des fonds saints. Ils ont même rappelé qu’au niveau national, la réglementation est plus forte par rapport au règlement Cobac, puisqu’il y a l’ANIF qui surveille les opérations d’un certain montant : 5 millions de FCFA. A côté de ça, il y a la connaissance du client, la surveillance des transactions, et puis le suivi de la conformité d’un certain nombre d’opérations. Le troisième point était sur le nouveau système de reporting.

Puisque dans notre secteur, il faut faire le reporting de manière périodique. Et la Cobac a fait évoluer son système de reporting. On est passé de SESAM 2, aujourd’hui on est à SESAM 4.0. C’est un système dont l’utilisation échappe encore à certains EMF. Dans les recommandations, je pense qu’ils vont redoubler d’effort pour accompagner les EMF, pour qu’ils s’approprient vraiment ce dispositif-là, afin de pouvoir faire les reportings normalement, et faciliter la transparence et la performance de leurs activités.  

Au terme de ces deux jours de travaux, qu’attendez-vous concrètement les EMF de la Cobac ?

La Cobac, son rôle c’est de superviser. Et dans le cadre de la supervision, chacun joue son rôle. Les EMF accompagnent les Etats, dans le financement de l’économie. Maintenant dans ce financement il y a beaucoup de risques. Vous avez certainement appris que le niveau de financement de certains EMF vis-à-vis des financements de l’Etat est très élevé. Pourtant, la Cobac est en train d’exiger de manière progressive d’augmenter le niveau de provision qu’on fait sur les financements accordés à l’Etat. Mais aujourd’hui, compte tenu du niveau d’exposition, on commence à exiger aux EMF de provisionner en grande partie, 80% et 100% pour certaines créances. C’est une grosse difficulté pour nous. C’est une des raisons pour lesquelles, certains EMF ont décidé de ne plus financer les marchés publics. Je pense que la concertation va se poursuivre.

Quelles sont les propositions que vous avez faites pour améliorer votre secteur d’activité ?

Les propositions sont à plusieurs niveaux. Vous avez entendu qu’on a créé la Caisse des dépôts et Consignations (Cdec). Il y a eu beaucoup de difficultés dans le l’opérationnalisation de leur déploiement, où la Cobac avait demandé aux EMF de ne pas y transférer les fonds. Mais entre-temps, il y a une évolution. Il y a un comité de travail qui a été créé entre la Beac et la Cdec pour pouvoir gérer cette situation. Ça fait que nous savons quand-même qu’il y a un comité. Parce que nous étions un peu dans le noir. Notre souhait c’est que ça avance rapidement et qu’on sache ce qu’il y a à faire. Maintenant, sur les textes réglementaires, il y a des propositions qu’on a voulu faire, mais, comme j’ai dit, la Cobac, c’est l’organe de supervision. Ils estiment qu’il y a certaines propositions qui ne peuvent pas bouger pour le moment. Parce que tel que le cadre règlementaire a été défini, il a tenu compte de toutes les spécificités.

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