Franck Nana : « Nous travaillons avec le gouvernement pour implanter les industries pharmaceutiques au Cameroun «
(Leconomie.info) Président du Conseil National de l'Ordre des Pharmaciens du Cameroun, il a accordée à l’Economie une interviewà l’ouverture de la 3e Assemblée générale de l’Association des distributeurs des produits Pharmaceutiques en Afrique (ADPA).
Quels sont les objectifs des travaux qui ont lieu en ce moment ?
Comme l’a précisé le président de l’Association des distributeurs des Produits pharmaceutiques en Afrique, c’est une plateforme qui nous permet de travailler sur la disponibilité des médicaments, et aussi sur les nouvelles technologies en lien avec la distribution des produits pharmaceutiques. Donc, cette troisième Assemblée thématique qui se déroule au Cameroun, est une fierté, parce que l’association compte plus de 10 pays, et le membre fondateur accueille la 3e édition. Cela montre le sérieux, le dynamisme, et l’implication du Cameroun dans le secteur pharmaceutique.
Comment pensez-vous résoudre le problème de disponibilité des médicaments ?
A l’étape actuelle, nous sommes en train de travailler avec le gouvernement afin de pouvoir implanter les industries pharmaceutiques au Cameroun. C’est ce volet-là qui va nous permettre d’avoir réellement une disponibilité assez soutenue des produits sur le marché. Voyez-vous, pendant la Covid-19, chaque pays qui produisait les médicaments, bloquait sa production. Cette pandémie est venue nous démontrer qu’il faut accélérer le processus de disponibilité des produits pharmaceutiques. En tant que pharmaciens, nous avons décidé de nous impliquer, et travailler main dans la main avec les autorités, afin que les industries pharmaceutiques soient une réalité. D’ici un à deux ans, nous aurons déjà, en plus des 7 industries qui sont sur pied, 3 ou 4 industries supplémentaires.
Quel est le poids de l’activité de l’industrie pharmaceutique au Cameroun ?
Aujourd’hui, l’industrie pharmaceutique au Cameroun ne rapporte pas plus de 6%. Ce qui est un véritable frein. Et nous pensons dans nos stratégies avec les autorités compétentes, pouvoir nous projeter dans les 5 prochaines années, à atteindre au moins 15% d’autonomie. Pour cela, nous avons une série d’activités que nous allons mener. Nous prévoyons d’organiser une grosse activité en juin 2025 pour la production des médicaments à base des plantes, (les médicaments traditionnels améliorés, Ndlr.), et les médicaments conventionnels. Nous sommes dans la réflexion depuis deux ans, pour réellement impulser cette dynamique et pouvoir faire de la production pharmaceutique au Cameroun, une réalité.
Quel est le rôle du distributeur dans la chaîne d’approvisionnement des produits pharmaceutiques ?
La journée d’aujourd’hui saura démontrer la place du distributeur dans la chaîne d’approvisionnement. Aussi bien dans les grandes agglomérations que dans les zones rurales. Ce sera ça le défi. Utiliser les nouvelles technologies pour pouvoir distribuer les produits. Parce que les Camerounais doivent être servis en équité, peu importe la zone où ils se trouvent.
Aujourd’hui, on note une montée en puissance des faux médicaments. Comment comptez-vous lutter contre ce phénomène ?
Nous remercions déjà les autorités locales, qui ont commencé à se saisir réellement du problème. Il faut relever qu’au Cameroun, le taux de dialyse qui est assez élevé, est dû à la consommation des faux médicaments, soit pour des questions financières, soit pour l’accessibilité. Nous, dans l’ordre des pharmaciens, nous faisons au moins tous les trois mois, des activités de sensibilisation. Nous nous rapprochons, nous faisons des plaidoyers auprès des autorités pour leur rappeler le rôle du pharmacien et de tout le personnel du secteur pharmaceutique et médical. Nous demandons aux autorités de nous saisir au cas où elles ont besoin des officines de pharmacie dans leur territoire.
Propos recueillis par François Gael Mbala