La délégation conduite par Cemile Sancak, chef de mission, est au Cameroun depuis le 19 octobre 2023. Ils ont entamé les travaux avec les autorités camerounaises, le 23 octobre dernier. Jusqu’au 1er novembre prochain, ces responsables du Fonds monétaire international vont évaluer la croissance économique du Cameroun, dans le cadre du Programme économique et financier. S’ils sont là c’est pour apprécier les réformes engagées par l’Etat, dans le cadre de la 5e revue. Même si on note des avancées, il reste néanmoins des points à améliorer.
Le Fonds monétaire international et le Cameroun travaillent ensemble pour faire avancer tout ce qui cloche, selon Cemile Sancak. Sur la liste des points à améliorer, la collecte des recettes, les finances et la gouvernance.
Après les Ministères des Finances et de l’Economie, de la Planification et de l’aménagement du territoire, la délégation du FMI va poursuivre des échanges avec les responsables des administrations pendant le séjour au Cameroun. Les travaux devraient porter sur la balance des paiements en 2023 et les perspectives pour l’année prochaine, un diagnostic sur les exportations et importations dans l’économie informelle, le commerce transfrontalier illicite. On ajoute dans ce registre des entrevues avec la commission bancaire des Etats de l’Afrique centrale (Cobac), la banque centrale (BEAC), les banques, la Sonara, la société civile.
Signé en juillet 2021, le 4e programme FMI-Cameroun est caractérisé par des chocs impactant l’économie nationale. Celui-ci a été approuvé par le Conseil d’administration du Fonds monétaire international, le 9 juillet de la même année. Il s’agit d’un accord de 689,5 millions de dollars au titre de la facilité élargie de crédit et du mécanisme élargi de crédit, pour accompagner le programme de réformes économiques et financières du pays.
Suivant un analyste économiste, la mission du FMI s’inscrit dans le cadre de la poursuite de ses efforts dans l’amélioration des finances publiques au Cameroun. A la veille du dépôt du projet de loi de finances pour l’exercice 2024 au parlement, ce pourrait être l’occasion d’évaluer le ratio au niveau du budget, les grands enjeux de la Loi de Finances, la priorisation des dépenses mais également de voir si le pays met en pratique ses prescriptions. Il existe un besoin de liquidités de l’Etat. L’institution de Bretton woods s’inquiète de la dette du Cameroun, qui se retrouve aujourd’hui en deçà du taux d’endettement.
Julie Bilo’o
Objectifs non atteints
Le conseil d’administration du FMI a conclu les quatrièmes revues des accords avec le Cameroun au titre de la facilité élargie de crédit et du mécanisme élargi de crédit, de même qu’un décaissement de 73,6 millions de dollars, le 29 juillet 2021.
Le Cameroun a fait preuve de résilience dans un contexte d’incertitude intérieure et mondiale. La croissance était estimée à 3,8 % pour 2022, soutenue par la production hors secteur pétrolier. L’inflation, en glissement annuel, quant à elle était de 7,3 % à la fin de 2022. Le déficit budgétaire global s’est amélioré, passant de 3% du PIB en 2021 à environ 1,1 % du PIB en 2022, grâce à l’augmentation des recettes pétrolières et non pétrolières. Le déficit primaire hors pétrole est resté inchangé à environ 3,9 % du PIB en 2022 en raison d’une hausse des dépenses liées aux subventions aux carburants.
Cependant, «les résultats obtenus par le Cameroun dans le cadre du programme sont mitigés. Le critère de réalisation quantitatif relatif à l’accumulation d’arriérés extérieurs a encore connu des dépassements mineurs et provisoires au début de l’année 2023 et, à plusieurs reprises », a révélé Kenji Okamura, directeur général adjoint du FMI et président du conseil d’administration par intérim, à cette date. Il laissait entendre au passage que trois des cinq objectifs indicatifs du programme n’ont pas été atteints, marquant ainsi un rythme des réformes structurelles très lent.
Il a par ailleurs indiqué que «les perspectives à moyen terme demeurent favorables, en dépit des enjeux croissants », sans toutefois manquer d’insister sur « la mise en œuvre résolue » de réformes qui permettra de gérer les chocs auxquels l’économie fait face.
« La poursuite de la mise en œuvre de mesures correctives sera indispensable pour atteindre les objectifs manqués et accélérer les réformes ».