La ville de Yaoundé vibre depuis le 23 novembre 2025 au rythme des 47èmes Réunions annuelles de l’Association des Banques centrales africaines (ABCA). La journée d’hier a été marqué par l’ouverture d’un symposium sur le thème : « Changement climatique et stabilité macroéconomique : rôle des banques Centrales ». Elle a été présidée par Louis Paul Motaze, ministre des Finances, représentant de Paul Biya, Président de la République.
D’entrée de jeu, il a souligné que le changement climatique est une préoccupation mondiale qui requiert l’engagement et la mobilisation de l’ensemble des parties prenantes, aussi bien les Etats, que les Institutions Financières et le secteur privé. Car, le Continent est de plus en plus exposé à des phénomènes extrêmes tels que de graves sécheresses, des inondations, l’élévation du niveau des océans et la perte accélérée de biodiversité. Raison pour laquelle, Louis Paul Motaze a souligné qu’il est urgent d’adopter des mesures visant à limiter les effets du changement climatique, et à consolider la résilience de nos économies. « Cela impose une mobilisation forte et coordonnée à tous les niveaux de responsabilité » a-t-il martelé.
« En effet, compte tenu des effets non négligeables du dérèglement climatique sur l’activité économique et les prix, l’implication des Banques Centrales me parait être une évidence…Ce symposium constitue une plateforme précieuse pour échanger sur nos expériences, confronter nos idées, et tracer ensemble les contours d’une gouvernance économique nouvelle, plus verte, plus équitable et plus résiliente, conformément aux engagements pris par plusieurs états africains, en ratifiant les accords de Paris » a déclaré Louis Paul Motaze.
Prenant la parole, la Présidente de l’ABCA, Priscilla Muthoora Thakoor, par ailleurs Gouverneur de la Banque of Mauritus a encouragé le développement de la finance verte et une mutualisation des efforts au niveau régional et continental pour relever les défis environnementaux actuels. Dans son allocution, Yvon Sana Bangui, gouverneur de la Banque des Etats de l’Afrique Centrale (Beac) a souligné que face aux changements climatiques, les Banques Centrales Africaines ont un rôle crucial à jouer. « Il nous appartient d’abord d’anticiper et d’évaluer les risques climatiques dans nos analyses macroéconomiques et dans nos rapports de stabilité financière, afin que nos politiques tiennent compte des vulnérabilités nouvelles qui affectent nos économies. Il nous revient également d’encourager la finance verte et les investissements durables, en mettant en place des incitations appropriées et des cadres réglementaires adaptés, capables de canaliser les ressources vers des projets porteurs de résilience et de croissance inclusive. De même, nous devons poursuivre avec détermination la modernisation de nos systèmes de paiement et de supervision, afin de renforcer la confiance des investisseurs, d’assurer la fluidité des transactions et de consolider la robustesse de nos marchés financiers » affirme Yvon Sana Bangui.
Selon le gouverneur de la Beac, il est aussi impératif pour les banques centrales africaines de promouvoir la coopération régionale et continentale, car selon lui, nul pays ne saurait relever seul les défis climatiques et financiers. « Seule une action concertée, solidaire et intégrée permettra à l’Afrique de bâtir une architecture économique et monétaire à la hauteur de ses ambitions » renchérit Yvon Sana Bangui.
Louis Paul Motaze : « Il est urgent d’adopter des mesures visant à limiter les effets du changement climatique »

Extrait du discours du Ministre des Finances à l’ouverture du Symposium organisé par l’ABCA.
« Selon le rapport sur l’état du climat en Afrique en 2023, publié par l’Organisation météorologique mondiale, l’Afrique a enregistré entre 1991 et 2023 une augmentation des températures supérieure à la moyenne mondiale. Par ailleurs, le taux d’élévation du niveau de la mer y est, selon les régions, proche ou légèrement supérieur à la moyenne mondiale de 3,4 mm par an.
Concernant le Cameroun, le pays est bordé par deux ensembles géographiques d’une importance stratégique et écologique majeure, mais fortement menacés par les effets du changement climatique et des pressions entropiques. Je veux bien entendu parler de la forêt du bassin du Congo, au sud, deuxième réserve forestière et hydraulique mondiale, et du lac Tchad au nord, troisième plus grand lac endoréique de la planète. Ce dernier, en particulier, a perdu près de 90 % de sa superficie depuis les années 1960, suite à des épisodes de fortes sécheresses dans les années 1970 et 1980. Aujourd’hui, les communautés riveraines sont confrontées à de fortes inondations se traduisant par des destructions de biens, de cultures et des déplacements forcés des populations.
Les phénomènes climatiques extrêmes affectent considérablement et fréquemment les productions agricoles et halieutiques, menaçant la stabilité macroéconomique et exacerbant la pauvreté. Selon l’Organisation météorologique mondiale, la seule gestion de ces évènements aurait couté aux pays du Continent, entre 2 % et 5 % de leur PIB réel. Il est à craindre que ces coûts, liés à la gestion des crises climatiques et à l’adaptation, suivent une pente ascendante dans les années à venir. Ces préoccupations vitales s’ajoutent aux multiples contingences économiques et financières, aussi bien d’ordre interne qu’externe, que nos pays affrontent depuis plusieurs décennies. Ensemble, ils constituent un frein considérable aux efforts déployés pour impulser une croissance vigoureuse et inclusive.
Il est de ce fait urgent d’adopter des mesures visant à limiter les effets du changement climatique, et à consolider la résilience de nos économies. Cela impose une mobilisation forte et coordonnée à tous les niveaux de responsabilité ».
Extrait sélectionné par H. F.F


