Selon une récente étude du Pr Viviane Ondoua Biwolé, la situation revêt une réalité alarmante en 2025 avec 71 Présidents de Conseils d’Administration (PCA) illégaux sur les 112 des entités publiques que compte le Cameroun, soit un taux de non-conformité de 63,39%. Plus précisément, 50 PCA sur 75 des établissements publics sont illégaux soit 66,66% et 21 sur 37 entreprises publiques soit 56,75%. En faisant une répartition selon le genre, elle révèle que seulement 14 femmes sur les 71, soit 19,71% font partie de cet effectif. Si l’on s’en tient aux lois n°10 et n°11 du 12 juillet 2017 qui consacrent la rotation des dirigeants comme l’un des leviers de la performance des entités publiques, ils ont des mandats échus. Leur longévité au poste varie de 6 à 32 ans et n’est pas toujours bénéfique pour la performance des entreprises.
Record de longévité
Dans son étude, le Pr Viviane Ondoua Biwolé dresse la liste des entreprises concernées et les noms des PCA dont les mandats sont échus. Parmi les plus anciens, l’on a : Luc Ayang PCA de l’office national du cacao et café (ONCC) depuis 33 ans ; Fai Yengo Francis, PCA de l’agence d’électrification rurale depuis 25 ans ; Albert Ekono Nna, PCA de la mission d’étude pour l’aménagement de l’océan (MEAO) depuis 25 ans ; Gana Fomban Rose epse Leke est PCA de l’institut de recherche médicales et d’études des plantes médicinales (IMPM) depuis 23 ans ; Jules Doret Ndongo est PCA du crédit foncier du Cameroun (CFC) depuis 20 ans ; Monkam Nitcheu Jean Fabien, PCA du bureau central des recensements et des études de population (BUCREP) depuis 20 ans ; Emmanuel Nganou Djoumessi est PCA de l’Institut nationale de la statistique (INS) depuis 19 ans; Catherine Ndoumbe Manga est PCA de l’office du baccalauréat du Cameroun (OBC) depuis 18 ans ; Madeleine Tchuinte est PCA de l’autorité de sûreté radiologique et de sécurité nucléaire (ASRAN) depuis 18 ans.
« Depuis le constat établi en 2024, force est de constater que la quasi-totalité des PCA dont les mandats étaient échus n’ont toujours pas été remplacés, sauf le Port Autonome de Kribi (PAK), hôpital gynéco obstétrique et pédiatrique de douala (HGOPD) et la société de développement et d’exploitation des productions animales (SODEPA). Ce constat traduit une tendance à la banalisation de la conformité comme si les lois étaient des gadgets » regrette le Pr Viviane Ondoua Biwolé.
Impact sur la performance des entreprises
Suivant le Pr. Viviane Ondoua Biwolé, la longévité des dirigeants n’est pas toujours bénéfique pour la performance des entreprises. Parmi les conséquences, l’on a notamment : la nullité des actes posés par les concernés ; l’insécurité juridique pour les entreprises publiques et les établissements qui transigent avec les partenaires privés et internationaux ; les entreprises publiques concernées ne peuvent pas être introduites en bourses ; la fragilité de l’État de droit et de la République exemplaire. L’étude réalisée par le Pr. Viviane Ondoua Biwolé suggère de remplacer tous les PCA dont les mandats sont échus. C’est un mouvement important qui pourrait nécessiter de séquencer les remplacements. On pourrait d’abord remplacer tous les PCA des entreprises défaillantes et les établissements publics très endettés au sens des analyses réalisées dans le document du MINFI (Annexe de la loi de finances 2024 et disponible dans le site du MINFI). Suivront tous les PCA de plus de 9 ans de mandat.