Ingénierie financière et financement alternatif des économies africaines : quelle efficacité économique du marché financier d’Afrique Centrale ? le cas des emprunts obligataires du Cameroun. Tel est le titre d’une note de conjoncture que vient de publier Barnabé Okouda, directeur exécutif du Centre d’analyse et de recherche sur les politiques économiques et sociales du Cameroun (Camercap-Parc). Dans le document, il souligne que depuis 2010, le Cameroun a pu initier huit emprunts obligataires dont un annulé en 2017.
En 2010, le Cameroun a sollicité 200 milliards FCFA et a obtenu 203 milliards de FCFA, en 2013, le pays a sollicité 50 milliards de FCFA et a obtenu 80 milliards de FCFA, en 2014, il a sollicité 150 milliards FCFA et a obtenu 153 milliards de FCFA. En 2016, le Cameroun a une fois de plus sollicité 150 milliards de FCFA et a obtenu 165 milliards de FCFA, en 2018, il a sollicité 150 milliards FCFA et à récolter 204,1 milliards de FCFA. En 2022, le Cameroun a obtenu 231,38 milliards FCFA alors qu’il sollicitait 200 milliards de FCFA. Au cours de l’année 2023, le Cameroun a lancé un emprunt obligataire à tranches multiples de 150 milliards de FCFA et à obtenu 176,60 milliards de FCFA.
Le montant total des ressources mobilisés est de 1213,19 milliards de FCFA pour une sollicitation de 1050 milliards de FCFA, soit un taux de succès/recouvrement de 115,5%.
Administrations bénéficiaires
Plusieurs administrations bénéficient des ressources sollicitées dans le cadre de l’emprunt obligataire. Entre 2016 et 2021, le ministère de l’Eau et de l’énergie (Minee) a reçu 86 600 milliards de FCFA pour 5 projets. « Doté de la plus grande enveloppe de cet emprunt obligataire et de tous les 10 emprunts obligataires du Cameroun, le projet d’alimentation en eau potable de la ville de Yaoundé et de ses environs à partir de la Sanaga (Paepys) a été inscrit au Minee pour une dotation initiale de 61, 5 milliards de FCFA ».
Entre 2016 et 2021, le ministère du Développement urbain et de l’habitat que dirige Célestine Ketcha Courtès a été le deuxième bénéficiaire des ressources de l’emprunt obligataire (9100 milliards de FCFA) pour le projet de construction de l’autoroute Yaoundé-Nsimalen suivi du ministère des Travaux publics, du ministère de l’Economie, de la planification et de l’aménagement du territoire.
« De nombreux projets engagés avec les emprunts obligataires sont encore en cours depuis plus de 10 ans et si certains sont achevés, leur exploitabilité dans le sens de produire les résultats et un retour sur investissement escomptés, reste sujet à débat. C’est notamment le cas des barrages de Memvelé et de Lom Pangar. Car au-delà des usines construites, les populations et les entreprises continuent de souffrir des carences en électricité dans les zones de desserte prévue, notamment le réseau interconnecté Sud (RIS) tel que défini par le découpage officiel du circuit de distribution électrique au Cameroun » précise Camercap-Parc.