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Crise ukrainienne : La BAD craint une crise alimentaire en Afrique

Le président du Groupe de la Banque africaine de développement, Akinwumi Adesina s’est prononcé lors  de l’Africa Center de l’Atlantic Council le 22 avril dernier 2022.

Face à ce qu’il qualifie de « convergence exceptionnelle de défis mondiaux pour l’Afrique », qui ne se produisent qu’une fois par siècle, le président de la Banque a appelé le continent à prendre vivement conscience de l’urgence. Partant de ce que les pays les plus vulnérables du continent ont été les plus durement touchés par les conflits, le changement climatique et la pandémie de Covid-19, qui ont anéanti bien des progrès économiques et sociaux dans notre espace,  Adesina révèle que les taux de croissance du PIB en Afrique sont les plus faibles, et que le continent a perdu jusqu’à 30 millions d’emplois à cause de la pandémie.

L’impact de la crise russo-ukrainienne

S’agissant de la guerre entre la Russie et l’Ukraine, Adesina indique que les impacts s’étendent dans d’autres parties du monde, notamment en Afrique. Il a rappelé que la Russie et l’Ukraine fournissent 30 % des exportations mondiales de blé, dont le prix a pratiquement augmenté de 50 % au niveau mondial, atteignant presque le même niveau que lors de la crise alimentaire mondiale de 2008. Il a ajouté que les prix des engrais avaient triplé et que ceux de l’énergie avaient augmenté, alimentant ainsi l’inflation.

Le président de la BAD prévient que le triplement du coût des engrais, l’envolée des prix de l’énergie et l’explosion du prix du panier de la ménagère pourraient s’aggraver en Afrique dans les mois à venir. Il a noté que 90 % des 4 milliards de dollars d’exportations de la Russie vers l’Afrique en 2020 étaient constitués de blé ; et que 48 % des quelque 3 milliards de dollars d’exportations de l’Ukraine vers le continent étaient constitués de blé et 31 % de maïs.

Accroître la production alimentaire

Pour éviter la crise alimentaire, le président de la BAD souligne que  l’Afrique doit rapidement accroître sa production alimentaire. « La Banque africaine de développement est déjà à pied d’œuvre pour atténuer les effets de cette crise alimentaire par le biais de la Facilité africaine d’intervention et d’urgence en cas de crise alimentaire, un mécanisme spécifique que la Banque entend mettre en place pour fournir aux pays africains les ressources dont ils ont besoin pour augmenter la production alimentaire locale et se procurer des engrais », a-t-il révélé.

« Mon principe est simple : l’Afrique ne doit pas mendier. Nous devons résoudre nous-mêmes nos propres défis sans dépendre des autres… » a affirmé Adesina. Le président de l’institution financière panafricaine a ainsi évoqué les premiers succès obtenus grâce à une initiative innovante de la Banque, le programme phare Technologies pour la transformation de l’agriculture africaine (TAAT), portant sur 9 filières alimentaires dans plus de 30 pays africains.

Il  a indiqué que le programme TAAT a permis d’accroître rapidement la production alimentaire sur le continent, notamment la production de blé, de riz et d’autres cultures céréalières. « Nous joignons le geste à la parole. Nous produisons de plus en plus les aliments que nous consommons. Notre Facilité africaine d’intervention et d’urgence en cas de crise alimentaire produira 38 millions de tonnes de nourriture », a-t-il estimé, ajoutant que TAAT avait déjà fourni des variétés de blé tolérantes à la chaleur à 1,8 million d’agriculteurs dans sept pays, ce qui a permis d’augmenter la production de blé de plus de 1,4 million de tonnes, pour une valeur de 291 millions de dollars.

Reconstitution des ressources du Fonds africain de développement

Le patron de la BAD dans son propos, a également évoqué l’urgente et l’opportune nécessité d’une forte reconstitution des ressources du Fonds africain de développement, le guichet concessionnel du Groupe de la Banque qui soutient les pays africains à faible revenu. Selon lui, le Fonds a permis de raccorder 15,5 millions de personnes à l’électricité et d’aider 74 millions de personnes à améliorer leur agriculture ; il a permis à 50 millions de personnes d’accéder aux transports ; il a permis de construire 8 700 kilomètres de routes ; et il a permis de raccorder 42 millions de personnes à des installations d’eau et d’assainissement améliorées.

Les leçons à titrer…

Le président de la Banque a estimé qu’il y a  trois leçons à tirer pour l’Afrique dans cette crise. D’entrée de jeu, pense-t-il, le continent ne peut plus laisser la sécurité sanitaire de sa population à la bienveillance des autres ; aussi, elle doit envisager les investissements dans la santé différemment et faire du développement d’un système de défense sanitaire une priorité, en investissant dans des infrastructures sanitaires de qualité ; et enfin, les économies qui sont déjà en train de se redresser doivent créer les conditions budgétaires pour faire face aux défis de la dette.

Le président de la BAD  a également évoqué l’importance de l’émergence du secteur technologique en tant que débouché pour la jeunesse africaine et moteur de croissance du continent. Adesina a décrit la jeunesse de l’Afrique comme l’un de ses plus grands atouts. Il a salué les contributions des jeunes entrepreneurs dans les secteurs de la fintech, du numérique, des arts créatifs et du divertissement. Il a expliqué que le besoin en financements innovants appelés de leurs vœux par les jeunes entrepreneurs est la raison pour laquelle la Banque explore avec d’autres parties prenantes la création de banques d’investissement spécialisées dans l’entrepreneuriat des jeunes pour libérer le potentiel et la croissance économique.

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