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Cameroun : Ces petits métiers qui font vivre les jeunes diplômés

(Leconomie.info) - Ils s’accrochent tant bien que mal face aux difficultés d’insertion dans la fonction publique et dans les grandes entreprises.

Ils sont jeunes et diplômés, ces Camerounais en quête d’un travail stable après de longues années d’études. Tous les ans, ils frappent à la porte de l’emploi, sans grand succès pour la plupart. Se frayer un chemin dans le monde professionnel reste une équation difficile à résoudre. Seuls les plus chanceux obtiennent le ticket d’intégration au marché de l’emploi. Les plus fragiles abandonnent très souvent la bataille, les téméraires résistent et s’essayent dans les petits métiers de l’informel, pour joindre les bouts.

Terminer les études et trouver un emploi décent. Le rêve de tout jeune camerounais. Sauf que, même avec des stages pré-emploi dans le CV, avoir un travail n’est pas une évidence. Pour ne pas se livrer aux vices de la société (délinquance, consommation des stupéfiants etc), nombre d’entre eux se débrouillent dans l’informel, pour subvenir à leurs besoins, et parfois à ceux de leurs familles. Ils exercent des petites activités rémunératrices ça et là, pour s’en sortir. Les petits commerces accueillent plusieurs d’entre eux tous les jours.

La reconversion

Ils sont vendeurs à la criée, sauveteurs, moto taximen ou encore taximen… Comme diraient certains, à défaut de ce que l’on n’aime, on prend ce qui est à notre disposition. Des choix le plus souvent en déphasage avec leurs compétences.

Marie-Aurore Tyele est titulaire d’une Licence en Droit privé, obtenu à l’Université de Ngaoundéré. Pour gérer son quotidien devenu pesant au sein de la famille, a dû accepter un poste de baby-sitter dans le voisinage, afin de pouvoir ramener un peu de sous à la maison, afin de soulager sa mère, veuve depuis environ cinq ans. C’est d’ailleurs elle qui s’occupe de son fils de deux ans, quand celle-ci s’en va pour son job.  

« J’ai essayé des concours, mais je n’ai jamais eu de chance. Mon père ne vit plus, et entre-temps j’ai eu un enfant. Comment je fais pour m’occuper de lui si je ne travaille pas ? J’ai déposé des dossiers partout malheureusement, on ne m’a pas rappelée, même pas pour un stage. Je suis donc obligée d’accepter les 30 000 FCFA que me propose ma voisine pour m’occuper de ses deux plus jeunes enfants », s’est-elle confiée.

Débrouillardise pour survivre

Dans les marchés, des cas comme Marie-Aurore sont légion. « On n’a pas de choix, il faut bien qu’on fasse quelque chose. A mon âge je ne dois plus tout attendre de mes parents, ma mère me donne à manger quand je rentre, je ne peux pas lui demander plus », nous indique Fabrice T, « apacheur » au marché Mvog-mbi. Son travail consiste à attirer des potentiels clients dans la boutique de son « patron », propriétaire de l’espace. La rémunération ici se fait par pourcentage, au nombre des clients qui achètent des articles.

Comme eux, beaucoup se débrouillent autant qu’ils peuvent. Quand ils ne sont pas gérants des kiosques de mobile money, ils sont vendeurs de chaussures, tenanciers d’échoppes ou débits de boisson etc.

Aristide Elomba lui, a décidé de se battre dans une cafétéria. Même s’il aurait souhaité avoir un boulot à la fonction publique, il avoue trouver son compte dans ce business. « Tous les moto-taximen du coin mangent chez moi. Le matin, à midi et le soir ils sont là. Beaucoup d’élèves aussi s’arrêtent chez moi avant d’aller à l’école. Ce n’est pas grand-chose, mais au moins j’arrive à tenir », fait savoir ce diplômé en Biochimie. Pour ces jeunes, le commerce en ligne est une autre alternative pour s’occuper et gagner un peu d’argent.

Les diplômes seuls ne suffisent plus…

Ils caressent le rêve de trouver un emploi une fois les études terminées. La réalité est cependant autre. Très peu s’en sortent et la multitude d’autres demandeurs d’emploi reste au chômage. A en croire le ministère de l’Emploi et de la formation professionnelle, le sous-emploi est estimé à plus de 70% au Cameroun.

Tout le monde veut travailler c’est bien, mais qui sont ceux qui ont des compétences professionnelles requises pour accéder à des emplois ? Une problématique qui revient toujours. Le manque de qualification se présente comme l’une des principales difficultés auxquelles font face ces jeunes diplômés. La plupart terminent leurs études sans réelle qualification professionnelle.

Le problème adressé ici est celui de l’orientation académique. Faire des études c’est bien, mais encore faut-il qu’elles offrent des débouchés intéressants pour le marché de l’emploi.  Afin d’améliorer l’employabilité des jeunes, le Cameroun compte maximiser sur la formation professionnelle.

Dans cette dynamique, la France veut apporter son aide au pays. Thierry Marchand, ambassadeur de France au Cameroun, a rencontré Issa Tchiroma Bakary, ministre de l’Emploi et de la Formation professionnelle à cet effet, le 2 avril 2024. La France veut en effet accompagner le Cameroun dans ce projet à travers un don d’1 million d’euros (environs 650 millions FCFA), destinés à la construction d’un laboratoire d’expérience démonstrateur. Lequel implique la construction de deux centres de formation professionnelle dans les régions du Sud et du Sud-Ouest, notamment à Sangmélima et Limbé, afin que les jeunes puissent se former et intégrer plus facilement le marché de l’emploi.

Même s’il faut reconnaitre que la formation professionnelle n’est pas non plus une garantie. En effet, entre 2021-2022, le Cameroun a enregistré 12 818 apprenants sortis des centres de formation professionnelle. D’après les données de l’Institut national de la Statistique (INS), contenues dans son rapport « les chiffres et indicateurs clés de l’éducation et de la formation professionnelle au Cameroun en 2021-2022 », seuls 41,7% intègrent le marché du travail, sur 93,5% des apprenants qui achèvent leur formation. Ces derniers sortent, pour la plupart, des centres de formation privés (83,6%) et seulement 16,4% viennent du public.

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