Budget de l’Etat : Les financements alloués au secteur agricole restent faibles
(leconomie.info) Il y a 22 ans à Maputo au Mozambique, le Cameroun s’engageait pourtant à octroyer 10% de son budget national au développement agricole. Ce qui n’est pas fait jusqu’ici.
Gabriel Mbaïrobe, ministre camerounais de l’Agriculture et du développement rural (Minader) était il y a quelques jours, devant les membres de la commission des finances et du budget de l’Assemblée nationale. Sur 7 317,7 milliards FCFA de budget global prévus en 2025, le membre du gouvernement a défendu une enveloppe de 107,17 milliards FCFA, loin des engagements de Maputo en mozambique il y a plus de deux décennies.
A l’instar de plusieurs autres d’Afrique Subsaharienne, le Cameroun a ratifié en 2003 la Déclaration de Maputo sur l’agriculture et la sécurité alimentaire. En ratifiant cette Déclaration, le pays s’engageait à allouer 10% de son budget au secteur de l’agriculture, afin d’atteindre une croissance agricole de 6%. 22 ans plus tard, le Cameroun n’a pas respecté son engagement.
Le financement pour le secteur de l’agriculture au Cameroun reste très marginal. Seulement entre 3% et 4% du budget y est alloué chaque année. Pourtant, tout comme la plupart des pays d’Afrique subsaharienne, l’économie Camerounaise est en majorité agricole.
En 2024 par exemple, le secteur de l’agriculture au Cameroun n’a pu obtenir que 113,1 milliards FCFA sur un budget global de 7 278,1 milliards FCFA. Paradoxalement en 2023, pour un pays dit « agricole », le Minader est l’un des rares départements ministériels à avoir connu une diminution de son budget, passant de 115,9 milliards FCFA à 113,1 milliards FCFA en 2024 et la baisse se poursuit. Pour 2025, l’ont est descendu à 107,17 milliards FCFA.
Renforcer la politique d’import-substitution
Au sortir des échanges avec les membres de la Commission des finances et du budget de l’Assemblée nationale il y a quelques jours, Gabriel Mbaïrobe a indiqué que « la priorité en 2025 c’est d’accélérer et de renforcer la politique d’import-substitution ». « L’année prochaine, nous allons implémenter le projet dénommé Plaine Centrale, qui consiste à sécuriser 400 000 hectares pour permettre l’émergence des grandes et moyennes exploitations agricoles » a déclaré Gabriel Mbairobé.
Outre le soutien aux filières prioritaires que sont le riz, maïs, soja, manioc, maraîcher afin d’atténuer le déséquilibre chronique de la balance commerciale extérieure du Cameroun en 2025, le gouvernement entend également poursuivre sa politique de subvention des intrants agricoles. « Nous envisageons en 2025 de subventionner 85 000 tonnes d’engrais et mettre à la disposition des producteurs de semences améliorées pour une valeur de 7 milliards FCFA » a indiqué le Minader.
Pour mémoire, la Déclaration de Maputo sur la croissance et transformation accélérées de l’agriculture pour une prospérité partagée des moyens d’existence améliorés réaffirme l’engagement ferme de la décennie de Maputo, à savoir, allouer 10% des ressources publiques à l’agriculture.
Elle spécifie également de manière claire une série d’engagements dans le domaine de l’agriculture, tels qu’un accès accru à l’irrigation et à la mécanisation ou sous forme de réduction des pertes après récoltes.