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Blanchiment des capitaux : Pourquoi le Cameroun est maintenu dans la liste grise du Gafi

(Leconomie.info) La faible inclusion financière, la grande taille du secteur informel, la multiplication des nouveaux produits financiers constituent certaines vulnérabilités qui rendent le pays attractif à ce trafic.

Lors de la plénière du Groupe d’action financière (Gafi) tenue du 26 au 28 juin 2024 à Singapour, le Cameroun a été maintenu sur la liste des Etats soumis à la vigilance renforcée (liste grise) dans la zone de la Communauté économique des Etats de l’Afrique Centrale (Cemac). Le Cameroun y avait été placé dans cette liste en juin 2023 avec la Croatie et le Vietnam. Si le pays est maintenant dans cette liste, c’est qu’il présente toujours des déficiences stratégiques dans son régimes de lutte contre le blanchiment d’argent, le financement du terrorisme et de la prolifération d’armes de destruction massive.

Selon Yvette Rachel Kalieu Elongo, vice-doyen de la faculté des sciences juridiques et politiques de l’université de Dschang et spécialiste des questions bancaires et financières, cette position du Cameroun n’entraine pas de conséquences particulières pour l’Etat, à l’égard du Gafi ou de toute autre institution. « Lorsqu’un Etat est inscrit sur la liste grise, il peut y avoir un effet indirect, pour la seule raison qu’à partir de cette inscription, certaines institutions peuvent être relativement réticentes à collaborer avec l’Etat ou avec les institutions de ce pays. Or, lorsque tel est le cas, on pourrait dire que certains ne veulent plus prendre de risque. Mais ça ne signifie nullement que l’Etat est soumis à une quelconque sanction » a expliqué Yvette Rachel Kalieu Elongo lors d’un séminaire de haut niveau à Douala du 4 au 5 juillet 2024 organisés par les cabinets Financia Engeneering S.A et Droit Médias Finance Sarl.

Le Gafi travaille avec les pays de la « liste grise » sur leurs progrès à résoudre les problèmes de blanchiment et de financement du terrorisme et appelle ces juridictions à achever leurs plans d’action rapidement et dans les délais convenus. Après avoir  fait son évaluation des risques, le Cameroun avait pris certains engagements pour sortir de cette liste grise.

Mise en place du Comité

En réponse à la décision du Gafi, le président de la République Paul Biya a signé le 30 octobre 2023, le décret portant création, organisation et fonctionnement du Comité de coordination des politiques nationales de lutte contre le blanchiment de capitaux, le financement du terrorisme et la prolifération des armes de destruction massive.

Ledit Comité a été placé sous l’autorité du ministre en charge des Finances (Minfi), Louis Paul Motaze. La nouvelle structure mise en place par le président de la République a pour mission d’élaborer et de coordonner au niveau national, les politiques et les activités visant à lutter contre le blanchiment des capitaux, le financement du terrorisme et la procréation des armes de destruction massive.

« Il revient donc au Cameroun de respecter les engagements souscrits, par exemple en matière de coordination entre les autorités compétentes, de coordination internationale, de renforcement de la supervision des entités, d’accès aux informations, à l’instar de celles concernant les bénéficiaires effectifs des personnes morales » explique la vice-doyen de la faculté des sciences juridiques et politiques de l’université de Dschang.

Le gouvernement du Cameroun doit également montrer qu’il est capable de mener des enquêtes et les poursuivre en matière de blanchiment des capitaux en fonction des risques. A en croire certains experts financiers, le Cameroun fait face à de nombreux risques de blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme, parce que le pays dispose d’une économie essentiellement basée sur des opérations en espèces.

La faible inclusion financière, la grande taille du secteur informel, la multiplication des nouveaux produits financiers constituent certaines vulnérabilités qui rendent le Cameroun attractif au blanchiment des capitaux. L’apparition de la crypto-monnaie, un nouveau produit financier non réglementé, exposent le pays à un risque important de ce phénomène

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