Le ministre de l’Eau et de l’Energie, Gaston Eloundou Essomba, a procédé le 20 août 2024, à la mise en service officielle des installations du Projet d’alimentation en eau potable de la ville de Yaoundé et ses environs à partir du fleuve Sanaga. Six mois après, le Paepys semble n’avoir rien changé au calvaire qu’enduraient déjà les populations avant le projet, pour s’alimenter en eau. A date, de nombreux quartiers restent privés du précieux liquide.
La demande en eau dans la ville et ses environs est sans cesse croissante. L’offre malheureusement, reste insuffisante. Le projet a été initié pour résorber le déficit avec un complément de 300 000 m3 d’eau potable extensibles à 400 000 m3, alors que Yaoundé ne recevait jusque-là que 185 000m3 pour des besoins estimés à 250 000 m3 par jour, soit un gap de 65 000 m3. Entré dans sa phase opérationnelle au mois d’aout 2024, le Paepys n’arrive toujours pas à satisfaire le besoin.
Sur le terrain le 19 février 2025, Gaston Eloundou Essomba (Minee), est allé toucher du doigt la réalité dans certains quartiers de la capitale. Des zones qui subissent des rationnements d’eau depuis des semaines voire des mois.
Ainsi, a-t-il été tour à tour à Etoug-Ebe, dans le VIème arrondissement de la ville de Yaoundé. Là, il a été constaté que plusieurs habitations sont construites au-dessus de la canalisation de distribution. Ce qui rend inaccessibles les vannes indispensables à la maintenance du système. Il s’est également rendu à Mendong, Simbock Ebom et Montée Jouvence, où un diagnostic a été effectué.
Au terme de sa visite, il a instruit des travaux d’urgence devant permettre d’améliorer la situation notamment, la pose d’une nouvelle conduite de plus grand diamètre, « afin de mieux desservir les quartiers affectés ». Afin de permettre au maximum de personnes de bénéficier du Paepys, un projet de reconfiguration a été initié.
Il s’agit de l’intégration de la totalité de la production du Paepys dans le réseau de distribution actuel de la Camwater. L’initiative vise le renforcement des installations qui sont à ce jour vétustes. Lors de la mise en service du Paepys, le Minee a indiqué que ledit projet prévoit la réalisation de nouvelles stations de pompage et de reprise, la construction de nouveaux réservoirs de stockage, l’extension des réseaux secondaires et tertiaires.
Par ailleurs, il avait annoncé des travaux d’urgence devant être effectués par la Camwater dès septembre 2024. 10 milliards FCFA ont été mobilisés pour ce projet, avait-il souligné. Les travaux restent attendus.
L’eau pour tous, encore un slogan
L’eau pour tous. Ceci reste encore un slogan au Cameroun et à Yaoundé en particulier. Même l’arrivée du Paepys ne change rien. Il suffit de parcourir quelques quartiers de la ville pour se rendre compte des difficultés qu’éprouvent toujours les populations à s’approvisionner en eau. Cuvettes sous les bras ; seaux, bidons et bouteilles en mains, c’est le quotidien des habitants dans certaines zones de la cité capitale.
Pour les plus chanceux, il faut s’aligner pendant un long moment devant les forages, pour obtenir un peu d’eau. Le plus souvent, très tôt le matin ou encore en soirée, entre 17h-18h. Tout ceci, moyennant un cout. 20 litres à 25 FCFA. Mais c’est le prix à payer, puisque dans les ménages les robinets sont secs.
Dans les quartiers comme Nkoabang, la dernière goutte d’eau sortie des robinets remonte à des années. Certains des habitants reçoivent quand même des factures, que les agents de la Camwater justifient par l’abonnement.
A Mimboman et Damas, plusieurs secteurs sont également sans eau. Les populations se débrouillent soit dans les sources ou alors des puits, où l’eau n’est pas toujours bonne à la consommation. Nkolmesseng et Mvogada ne sont pas en reste.
« Nous nous approvisionnons chez les sœurs religieuses, qui nous donnent de l’eau contre une petite motivation. Ce n’est pas facile de partir de chez moi pour là-bas, mais c’est la seule solution que nous avons pour le moment pour avoir l’eau de bonne qualité », souligne une habitante du quartier Mvog-Ada, où l’eau n’a pas coulé depuis l’époque de Mathusalem. Seulement, « il faut se lever tôt pour nous qui sortons tous les jours, parce qu’on ferme le forage avant 10h et ce n’est que le lendemain que la distribution reprend ». Quelque temps en arrière, un camion-citerne de la Camwater venait alimenter les populations en eau, deux fois par semaine. A ce jour, l’approvisionnement s’est arrêté. A Emana, il faut parfois se lever à 4h du matin pour espérer avoir quelques litres dans les récipients.
Le projet Paepys d’un coût de 399 milliards FCFA, a été mis sur pied pour favoriser l’accès en eau du plus grand nombre de ménages. Six mois après l’opérationnalisation, beaucoup reste à faire.
Des travaux d’urgence ont néanmoins été initiés. Ceux-ci consistent pour la Camwater de construire 60 km de canalisation, ce qui devrait permettre de connecter au réseau, 200 000 nouveaux ménages, au profit d’au moins 1 million de personnes supplémentaires, qui seront nouvellement desservies par le réseau avant la fin de l’année 2025. Vivement que le projet tienne ses promesses, parce que l’eau c’est la vie.