Ahmadou Wadiri : « Pour booster la production du riz, il va falloir un minimum d’organisation »
(Leconomie.info) - Il y a quelques jours, le gouvernement autorisait l’importation de 150 000 tonnes de riz pour le dernier trimestre de l’année, dans un contexte où l’on parle de la politique d’import-substitution. Le quotidien l’Economie a donné la parole à Ahmadou Wadiri, PDG de TPA Logone Riz. Il donne quelques astuces pour augmenter la production locale de cette céréale.
Il y a quelques jours, le gouvernement autorisait l’importation de 150 000 tonnes de riz pour le dernier trimestre de l’année, dans un contexte où l’on parle de la politique d’import-substitution. Le quotidien l’Economie a donné la parole à Ahmadou Wadiri, PDG de TPA Logone Riz. Il donne quelques astuces pour augmenter la production locale de cette céréale.
Est-ce que le Cameroun a la capacité de produire du riz ?
Dans la stratégie nationale de développement (SND30), il est question de promouvoir la politique d’import-substitution. Il y a des filières stratégiques comme le riz que le Cameroun continue d’importer alors qu’on peut s’organiser sur place pour produire du riz nécessaire pour la consommation. Nous avons des terres disponibles pour mettre en place le système d’irrigation de ce riz. Ces terres ont déjà été identifiées par le ministère des Domaines, du cadastre et des affaires foncières.
Dans ce cas, comment s’organiser pour booster la production ?
Pour booster la production du riz, il va falloir un minimum d’organisation. Le secteur privé doit s’organiser et l’Etat doit accompagner. Moi, je suis dans cette filière riz. Nous sommes organisés en filière coopérative depuis 2023. Ça fait 10 ans que nous travaillons pour que le riz que nous produisons à Yagoua soit introduit dans le circuit de distribution. Je travaille par exemple sur un modèle qu’on peut implémenter partout dans les 10 régions du Cameroun. Il s’agit d’un cluster du riz de Yagoua qui est promu par la société coopérative DPA qui est une sorte de chaîne de valeur que nous avons mis en place parce que tous les petits producteurs vendaient la matière première au Nigeria. Mais avec la chaîne de valeur, nous avons mis sur pied une unité de traitement du riz avec des décortiqueuses, des calibreuses et c’est comme ça que nous avons commencé à mettre notre produit sur le marché.
Notre première marque a été Logone riz. Après il y a eu Nouria, iriza qu’on trouve dans les différents canaux de distribution. Je pense qu’il faut absolument mettre en place les clusters dans les 10 régions du Cameroun pour faire décoller la filière riz. Parce que dans les 10 régions du Cameroun, on peut produire du riz contrairement à ceux qui disent que ce n’est pas possible. Au Nord et à l’Extrême-Nord, on peut avoir de très forts rendements. Parce que nous atteignons les rendements de 6 à 7 tonnes par hectare. A Yagoua par exemple, les parcelles rizicoles sont au bord du fleuve Logone, à Garoua au bord du fleuve Benoué. A Ndop également la production est assez intéressante. Avec un minimum d’organisation des différents acteurs, on peut faire quelque chose.
Nous avons déjà anticipé en créant une interprofession de la filière riz. Maintenant il faut identifier dans le secteur privé les acteurs qui sont en amont au niveau de la production avec des semences de qualité, il faut les accompagner sur le plan technique pour améliorer davantage leur rendement à l’hectare. Aussi, il faut la technologie parce que la technologie qui est utilisée au Cameroun n’est pas assez performante pour avoir de meilleurs rendements à l’usinage. Le rendement à l’usinage qu’on a maintenant se situe autour de 60%. Or on peut atteindre les 67%. Nous comptons d’ici la fin de l’année nous arrimer à la technologie pour porter notre production autour de 25 000 tonnes. S’il y a plusieurs unités comme la nôtre, on peut produire davantage et avoir le volume nécessaire pour la consommation des ménages. Nous devons absolument travailler dans ce sens pour faire décoller la filière riz au niveau local.
Combien d’hectares exploitez-vous ?
Dans notre bassin de production, nous avons 30 000 familles qui ne vivent que du riz sur les 12 000 hectares que nous exploitons chaque année, avec deux campagnes par an. Il y a la campagne de la saison sèche et la campagne de la saison de pluie. Je pense qu’avec un minimum de volonté des acteurs et l’accompagnement des pouvoirs publics, on peut faire beaucoup de choses. Seulement, l’Extrême-Nord peut produire les 90% de la demande nationale.
Il va falloir intéresser les gros distributeurs qui sont les importateurs du riz parce qu’ils ne s’intéressent pas au local. Ils préfèrent aller acheter au Vietnam ou en Thaïlande pour revendre. Nous plaidons pour qu’ils introduisent minimum les 10% du riz local dans leurs circuits de distribution puisqu’ils ont le monopole.