Minette Libom Li Likeng : « L’économie numérique pour se développer a besoin d’acteurs bien formés »
(Leconomie.info) - Nous vous proposons l’intégralité du discours prononcé par le Ministre des Postes et télécommunications le 7 septembre 2023 à l’occasion de la Cérémonie Solennelle de remise des parchemins aux lauréats de l’Ecole Nationale Supérieure des Postes, des Télécommunications et des Technologies de l’Information et de la Communication (SUP’PTIC).
C’est à la fois un agréable devoir et un réel plaisir de présider ce jour, la cérémonie solennelle de remise des parchemins aux lauréats des promotions 2016-2022, de l’Ecole Nationale Supérieure des Postes, des Télécommunications et des Technologies de l’Information et de la Communication (SUP’PTIC). En cette circonstance solennelle, je voudrais de prime abord, remercier du fond du cœur, toutes les personnalités ici présentes ainsi que les opérateurs et professionnels des secteurs des Postes, Télécommunications et TIC qui, en dépit de leurs nombreuses sollicitations, ont bien voulu prendre part à cette cérémonie, pour lui donner un éclat tout particulier.
Je voudrais saluer la présence du Représentant du Ministre d’Etat, Ministre de l’Enseignement Supérieur. Cette présence témoigne de l’intérêt que le Chancelier des Ordres Académiques porte à l’Ecole Nationale Supérieure des Postes, des Télécommunications et TIC, qui relève de sa tutelle pédagogique. Je vous prie de bien vouloir lui transmettre nos sentiments de profonde gratitude pour son appui constant et son accompagnement efficace dans la mise en œuvre du projet éducatif de cette institution de formation.
J’exprime ma gratitude toute particulière à tous les membres du Gouvernement ici présents. Votre présence si nombreuse, Distinguées personnalités, Mesdames et Messieurs, est hautement significative car, elle est le signe de l’importance de cet événement pour le développement du secteur des Postes et Télécommunications et au-delà, de l’économie numérique.
Messieurs les membres du Gouvernement,
Distingués Invités,
C’est un moment d’une indéniable importance qui nous réunit ici au Palais des Sports de Yaoundé, autour de l’Ecole Nationale Supérieure des Postes, des Télécommunications et des Technologies de l’Information et de la Communication (SUP’PTIC), haut lieu de production et de transmission des savoirs, savoirs-faires et savoirs-êtres dans le domaine des télécommunications et la transformation digitale du Cameroun de manière générale, sur lequel le Gouvernement grave au fil des années son empreinte. Il s’agit à mon sens, de célébrer solennellement les premiers résultats palpables et concrets de cette école restructurée il y a pratiquement sept ans.
En cette circonstance, je voudrais d’ores et déjà féliciter sincèrement toute la communauté éducative de SUP’PTIC, personnels enseignants et non enseignants, étudiantes et étudiants pour les efforts qui sont couronnés ce jour. Chacun en connaît les contours, à savoir, l’intégration de jeunes dans l’univers du numérique, et l’accroissement de leur employabilité, à travers le développement de leurs compétences, dans un contexte comme celui du Cameroun, où la résorption de la fracture numérique est un impératif catégorique. Au regard du bilan présenté, après sept années de formation, je ne peux donc qu’encourager, au nom du Gouvernement, l’équipe d’encadrement de l’Ecole.
Cette cérémonie certes, revêt une forte charge symbolique, mais elle s’insère dans un processus classique de dynamisation et de promotion d’une institution comme SUP’PTIC, dont la réforme a été engagée par le Chef de l’Etat, par Décret n° 2016/425 du 26 octobre 2016 portant changement de dénomination et réorganisation de l’Ecole Nationale Supérieure des Postes et Télécommunications. Elle rentre donc dans le cadre de la mise en œuvre de la Très Haute Volonté Chef de l’Etat, pour le développement des ressources humaines selon les standards internationaux, permettant de relever le défi du développement de l’économie numérique et celui de l’économie du savoir
Mesdames et Messieurs
Honorables invités
Nous voici donc au cœur de la problématique du développement de l’économie numérique si chère au Président de la République, Son Excellence Paul BIYA. Nous nous souvenons tous sans doute à ce sujet, de son interpellation martelée en plusieurs circonstances solennelles.
C’est ainsi qu’après avoir, le 31 décembre 2015, appelé le Gouvernement à rattraper au plus vite notre retard dans le développement de l’économie numérique, vecteur de croissance et créateur d’emplois pour les jeunes, le Chef de l’Etat, dans son adresse du 10 février 2016, invitait toute la nation à se mobiliser résolument, pour accompagner les nombreuses initiatives de nos jeunes dans le domaine de l’économie numérique, en prescrivant une feuille de route qui entre autres, assigne des missions spécifiques aux institutions de formation (je le cite) : « les instituts de formation, publics ou privés, sont appelés à jouer leur rôle pleinement : ils doivent identifier les métiers nouveaux et adapter leurs programmes en conséquence » (fin de citation).
A dire vrai, la Très Haute Vision du Président avait déjà été déclinée quelques années plus tôt, avant même que le numérique ne devienne aussi prégnant dans notre vocabulaire et dans nos mœurs. Le 21 octobre 2010, s’adressant au journal panafricain Les Afriques, le
Président de la République affirmait, (je le cite) : « Pour tirer le meilleur parti des opportunités offertes par les TIC, il faut en comprendre les enjeux technologiques et économiques, ainsi que les défis à relever pour les capitaliser. Trois axes me semblent à cet égard essentiels: la construction des infrastructures physiques et virtuelles de support ; le volet éducatif dont l’objectif doit être la maitrise et la vulgarisation des connaissances pour permettre au plus grand nombre de les exploiter ; des mesures incitatrices pour attirer les entreprises dans le développement d’activités porteuses », (Fin de citation). Ces Très Hautes Prescriptions du Chef de l’Etat n’ont pas laissé le Gouvernement indifférent. Et mon département ministériel les adresse au quotidien, sous la coordination et l’impulsion de Monsieur le Premier Ministre, Chef du Gouvernement.
C’est dans ce cadre que se situent les mutations stratégiques opérées par le Gouvernement au niveau de ce qui était l’Ecole des Postes et Télécommunications, devenue l’Ecole Nationale Supérieure des Postes, des Télécommunications et des Technologies del’Information et de la Communication (SUP’PTIC) et qui a vocation à s’établir comme un haut lieu d’élaboration et de production de connaissances , formant des acteurs compétents pour faire face aux enjeux actuels et futurs dans le domaine des Télécommunications. En effet, conformément aux dispositions de ce Décret, SUP’PTIC est chargée des missions d’enseignement supérieur professionnel, de formation technique spécialisée, de formation continue et de recherche appliquée en matière de Poste, de Télécommunications et de technologies de l’information et de la communication, ainsi qu’en matière de gestion des entreprises relevant de ces domaines.
En plus des missions de formation initiale, de perfectionnement, le recyclage et la spécialisation du personnel, SUP’PTIC assure également les études et la recherche appliquée, la veille technologique en vue de la mise à jour des filières de formation dans le secteur, ainsi que l’appui technique aux administrations et organismes publics, parapublics ou privés, dans les domaines de la Poste, des communications électroniques et des TIC. C’est dire que l’économie numérique pour laquelle le Président de la République a fait d’importantes annonces, n’est pas qu’une affaire d’infrastructures, de réglementation, de régulation, d’opérateurs à divers titres. Cette économie numérique a besoin, pour se développer, d’acteurs bien formés, coulés dans le moule des standards internationaux et capables d’adresser les défis actuels et futurs.
En effet, la transformation digitale et la formation académique sont étroitement liées car la réussite de la transformation dépend en grande partie de la capacité des ressources humaines à s’adapter aux changements technologiques. D’où la nécessité pour les institutions académiques, des écoles primaires aux universités, de revoir leurs programmes d’enseignement, pour intégrer les compétences numériques essentielles, afin qu’elles reflètent les dernières avancées technologiques et les besoins du marché.
S’agissant spécifiquement des établissements d’enseignement supérieur du domaine, ils jouent un rôle clé en préparant les étudiants à des carrières dans des domaines liés à la transformation digitale.Leur rôle est important sur le plan de la recherche et de l’innovation, en vue du développement de nouvelles technologies et de nouvelles approches pour relever les défis liés à la transformation digitale.
Mesdames et Messieurs
Dans son livre Pour le libéralisme communautaire (Pp.74-75), le Président Paul BIYA disait : « Le succès de notre agriculture, l’implantation d’une industrie agro-alimentaire, la réalisation de grandes infrastructures, le développement d’une industrie lourde, l’efficacité même de l’ensemble de nos services dépendent d’une donnée de base : la maitrise de la science et de la technologie. Tant que notre économie ne disposera pas de cette maitrise, elle sera condamnée à piétiner et ne connaîtra jamais un véritable décollage. Il faut donc le redire : la vulgarisation de la technologie appliquée à notre milieu sera garant de notre développement. D’où la nécessité d’une éducation de masse dans les sciences et la technologie appliquée. Cette éducation doit commencer par l’enfant à l’école, passer par la formation permanente des adultes dans les domaines de leurs activités, déboucher sur des écoles scientifiques hautement spécialisées, pour culminer dans les instituts de recherche capables d’asseoir la crédibilité de notre génie créateur. Il s’agit là d’une phase provisoire par laquelle plusieurs jeunes nations sont contraintes de passer. Nous aurons maîtrisé la technologie le jour où nos ingénieurs seront en mesure de fabriquer les pièces et de monter les usines dont notre pays aura besoin. La Coopération scientifique et technique internationale prendra alors sa véritable dimension universelle. Aussi, toute l’énergie doit-elle être déployée pour contribuer à la réalisation à moyen et long terme de ce programme sans lequel nous condamnerions le Cameroun à demeurer à la traîne des autres pays. » C’est dire que pour faire du Cameroun un pays numérique, notre pays doit impérativement relever le défi du développement du capital humain.
L’Ecole Nationale Supérieure des Postes, des Télécommunications et des Technologies de l’Information et de la Communication (SUP’PTIC) est un Etablissement Public d’enseignement supérieur à statut particulier. Il s’agit par ailleurs de la seule institution sous régionale agrée de l’Union Postale Universelle, qui délivre une formation en Technique d’exploitation Postale, garant de la conservation, du métier de la Poste. Cette Ecole devrait donc à juste titre jouir de la légitimité scientifique et académique. Sous l’impulsion du Président de la République, nous voulons faire de notre école, l’une des plus rayonnantes de la sous-région en matière de recherche et d’innovation dans le domaine du numérique. L’ambition du Gouvernement, est de capter les évolutions les plus pertinentes et les recherches les plus récentes, pour en favoriser la dissémination dans les esprits, de manière à consolider l’arrimage des programmes aux exigences et standards en vigueur.
L’UIT en a fait un centre d’excellence et, au-delà de son cœur de métier qui est la formation de pointe des cadres, SUP’PTIC doit assurer la veille technologique dans un monde très changeant et opérer, en tant que besoin, l’ajustement des programmes et des curricula.
Aussi avons-nous la conviction que l’avenir des savoirs scientifiques passera par la solidarité entre formation et recherche, entre université et entreprise, entre vitalité intellectuelle et croissance économique.
Comme pourvoyeur en capital humain, et accompagnateur de la dynamique numérique promue, SUP’PTIC doit à cet effet bénéficier d’une accréditation accrue auprès de tous les partenaires. D’où la nécessité de renforcer autour de cet établissement, les synergies en cours, grâce à l’ensemble des opérateurs, propres à permettre son développement. Il importe d’établir une osmose entre les différentes structures et cet Etablissement, de manière à faire de ce dernier, un champ de théorisation des applications et des technologies pratiquées dans les entreprises qui, à leur tour, sont des cadres d’expérimentation des nouvelles applications et théories, objets des études et recherches académiques. J’appelle donc le Directeur de SUP’PTIC, l’équipe d’encadrement et toute la communauté éducative de SUP’PTIC, personnels enseignants et personnels non enseignants à redoubler d’efforts et imagination pour la construction de ce pôle scientifique, en vue du rayonnement de cette illustre Institution qui doit accompagner le développement de l’économie numérique.
Permettez-moi de saisir l’opportunité de cette cérémonie Chers acteurs du secteur des Postes et Télécommunications, pour vous témoigner ma reconnaissance, devant cette auguste assistance, pour le soutien multiforme que vous apportez à cette illustre école, sous l’égide du MINPOSTEL. Votre appui manifeste l’intérêt que vous portez à SUP’PTIC pour le renouvellement de vos ressources humaines en termes de compétences. L’importance et les enjeux de la formation de pointe pour la révolution numérique de notre pays sont indéniables. Il d’agit donc d’une grande responsabilité qui incombe à une École comme SUP’PTIC et à ses produits. Je demande à tous les personnels de SUP’PTIC, d’apporter chacun sa contribution à la mise en œuvre de ce nouvel agenda porteur d’espoirs pour le développement de notre secteur et du Cameroun.
Chers lauréats des promotions 2016-2022
Auréolés d’un prestige non usurpé, j’en appelle à votre sens de responsabilités. Lauréats d’aujourd’hui, vous ne devez pas dormir sur vos lauriers. Je m’adresse ici aux scientifiques de haut niveau que vous êtes, qui ne doivent pas oublier que dans votre domaine, tout va très vite ; les certitudes d’hier pouvant être frappées d’obsolescence aujourd’hui même, et les acquis d’aujourd’hui n’étant jamais définitifs. Permettez-moi à ce sujet de partager avec vous, trois repères, trois idées, qui devront guider vos démarches. Ces trois balises, je les emprunte à Jean TIROLE, Prix Nobel d’économie, qui a publié en 2016, Économie du bien commun, considéré comme un ouvrage de référence, dans lequel il écrit, je le cite :
Premièrement, Le devoir du scientifique est de faire évoluer la connaissance. Dans beaucoup de cas (mathématiques, physique des particules, origines de l’univers, etc.), la meilleure façon de le faire peut être de ne pas se préoccuper des applications, mais seulement de rechercher la vérité ; les applications viendront plus tard, souvent de façon inattendue. Même dans les disciplines naturellement plus proches des applications, la recherche mue par la seule soif de connaissance, quelle que soit son abstraction, est indispensable. Mais les scientifiques doivent aussi collectivement rendre le monde meilleur.
Deuxièmement, Les connaissances évoluent et ce que nous pensons être juste aujourd’hui pourra être réévalué demain ; enfin, quand bien même il y a un consensus, ce consensus n’est jamais total
En fin troisièmement, Ainsi, le scientifique doit réaliser un équilibre périlleux entre nécessaire humilité et détermination, convaincre son interlocuteur à la fois de l’utilité des connaissances acquises et de leurs limites. »
Chers diplômés, c’est pour vous que je suis ici aujourd’hui. Soyez fiers de ces parchemins que vous recevez au terme de cette formation de qualité reçue et qui vous permettra de mieux gérer au quotidien les projets qui vous seront confiés, pour le plus grand bénéfice de vos concitoyens. Ayez de l’ambition. Mais n’oubliez pas que le savoir est vain sans l’éthique et la générosité envers ceux qui nous entourent. Je formule le voeu que votre épanouissement professionnel contribue à l’avènement de ce Cameroun meilleur auquel nous aspirons tous, ce Cameroun qui représente l’idéal du Président Paul BIYA.
Se souvenant encore de son adresse lors de la 51ème fête de la jeunesse, au cours de laquelle il vous demandait, je cite « Je vous encourage de nouveau à oser, à faire preuve d’audace et d’initiatives, dans votre vie de tous les jours». Les challenges sont énormes, alors : Soyez ambitieux, mais humbles ; Soyez créatifs, mais rigoureux ; Soyez ouverts, mais respectueux ; Soyez solidaires, mais responsables. Je vous souhaite une bonne continuation dans vos projets professionnels et personnels, avec beaucoup de succès et de bonheur.