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Landry Ndzala : « Notre objectif est de baisser le prix du poisson frais sur le marché local »

Le CEO de Royal Fish Industry a engagé une levée de fonds dont l’objectif est de mobiliser 260 millions de FCFA pour financer son projet. Nous l’avons rencontré.

Vous avez initié une levée de fonds pour booster les performances de votre startup Royal Fish Industry. Rendus à quelques semaines de la fin de cette levée, quel bilan faites-vous ?

Avant de vous donner le bilan de cette levée de fonds, je tiens d’abord à revenir sur l’origine de celle-ci. Nous avons démarré Royal Fish Industry en 2020 et nous sommes à la 3e année d’exploitation pour un chiffre d’affaires annuel de plus de 65 millions FCFA. Nous sommes positionnés sur 3 maillons de la chaîne de valeur piscicole : l’alevinage, le grossissement et la transformation à travers notre chaîne de restauration du poisson braisé.

Nous avons trouvé la solution pour produire un aliment local qui a les mêmes rendements que l’aliment importé et qui est 2 fois moins cher sur le marché local. Le but de la levée de fonds était d’augmenter nos capacités de production. Il faut dire que nous avons éprouvé notre business model et nous désirons passer à la vitesse supérieure, notre objectif est de baisser le prix du poisson frais en le rendant inférieur au prix du poisson congelé c’est-à-dire que  nous voulons vendre du poisson frais produit localement à 1500 FCFA le kilo au lieu de 2500 FCFA pratiqué actuellement.

Nous avons plus de 35% de souscription pour un montant de 92 millions de FCFA sur les 260 millions de départ. Les souscripteurs sont de diverses nationalités : Cameroun, Sénégal, Nigeria, France, Angleterre, Allemagne, USA etc… Nous comptons clôturer cette première  phase à fin Juillet.

Pourquoi avez-vous choisi la méthode de financement participatif, plutôt qu’aller vers une banque ?

Le financement participatif permet de créer un flux de trésorerie durable et  cela cadre avec nos objectifs à court et moyen terme. Si nous nous étions tournés vers les banques, nous aurions été soumis à la pression des échéanciers de remboursement. Royal Fish Industry a besoin de croître. Nous n’avons pas encore effleuré les 1/1000e de notre marché principal. Il reste encore beaucoup à faire et nous avons besoin de ressources pour cela. 

Quelles sont les garanties que vous offrez aux investisseurs qui vous accompagnent ?

Notre business model est éprouvé, nos chiffres le confirment. De plus, le marché est vaste. Tous les signaux sont aux verts pour développer la pisciculture intensive au Cameroun. Investir dans la pisciculture c’est investir sur  l’avenir de nos enfants.

Les importations de poissons au Cameroun se chiffrent à 97 203 tonnes au premier semestre 2021, pour une enveloppe globale d’un peu plus de 64 milliards FCFA. Quel pourrait être votre apport pour réduire ce gap des importations ? 

Notre objectif principal à moyen terme est de réduire le coût de production d’au moins 5 espèces de poissons. Cela demande d’améliorer tous les 5 maillons de la chaîne de valeur : l’alevinage, le grossissement, la production d’aliment, la transformation et la distribution.

Nous sommes en cours de création d’une synergie de pisciculteurs avec lesquels nous allons nous positionner sur chaque maillon. Ensemble nous allons importer la technologie de production des alevins robustes et à fort taux de rendement, mettre en place des usines de production d’aliment à coût réduit,étendre notre production à la mariculture aux abords de l’océan Atlantique ou dans les cages flottantes sur les grands fleuves. Nous avons opté pour un modèle de croissance communautaire où le producteur et le consommateur final sont au centre des actions. Les ODD, la lutte contre la pauvreté, la famine et les inégalités sociales sont aussi au centre de nos intérêts.

Vous convoitez un marché hautement concurrentiel, tenu par des mastodontes. Quelle stratégie entendez-vous adopter pour survivre dans un tel univers ?

Jusqu’à présent je doute fort qu’on ait beaucoup de concurrents. Beaucoup de pisciculteurs ne se battent pas pour le marché des 250.000 tonnes de poisson importés. Ils sont focalisés sur le petit marché de 10.000 tonnes de production de poisson. Nous venons avec une nouvelle vision utile et juste pour notre économie et pour nos enfants. Changer les habitudes alimentaires et prouver aux Camerounais qu’on peut consommer localement et à un coût réduit. Royal Fish Industry est un industriel et non un commerçant. Nous ne sommes pas là pour acheter et revendre le poisson comme certains mastodontes le font. Nous voulons construire au lieu de détruire.

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