Face au défi persistant de l’emploi jeune au Cameroun, le gouvernement veut frapper un grand coup. Le projet de Loi N° 2091/PJL/AN portant Loi de Finances de la République du Cameroun pour l’exercice 2026, prévoit une série de mesures fiscales audacieuses destinées à inciter les entreprises privées à devenir les locomotives de l’insertion professionnelle pour la jeunesse diplômée.
Loin des déclarations d’intention habituelles, le texte budgétaire pour 2026 intègre une disposition claire et chiffrée, visant à transformer le paysage de l’embauche. Cette initiative, expliquée à la page 24 du projet de loi, sous la section relative aux « Mesures en faveur de l’Emploi des Jeunes », se veut un catalyseur pour l’investissement dans le capital humain national.
La mesure phare de ce dispositif réside dans l’article 105, qui établit un régime d’exonération fiscale substantiel pour toute entreprise participant à l’effort national d’insertion. Selon les termes exacts du projet de loi, tel que formulé à l’alinéa (1) de l’Article 11, « les entreprises relevant du régime du réel qui recrutent dans le cadre d’un contrat à durée indéterminée ou déterminée pour un premier emploi, ou d’un stage pratique pré-emploi, des jeunes diplômés camerounais âgés de moins de 35 ans, sont exemptés des charges fiscale et patronale sur les salaires versés à ces jeunes, à l’exception des charges sociales »
Le législateur a toutefois pris soin de baliser cette largesse fiscale pour garantir que l’objectif social soit respecté. L’alinéa (2) de ce même article apporte une précision essentielle quant à la durée et aux conditions de cette mesure d’incitation. « Sont éligibles au bénéfice de ces avantages les entreprises relevant du régime du réel ou adhérentes d’un Centre de Gestion Agréé, pour tout recrutement effectué dans le cadre d’un premier emploi en contrat à durée indéterminée ou déterminée, d’un stage pratique pré-emploi ou d’un contrat d’alternance professionnelle », peut-on lire dans le document.
Le texte précise dans la foulée que la durée d’application des avantages prévus à l’alinéa 1 est de trois ans à compter de « la date de signature du contrat de travail, d’admission en stage ou en contrat d’alternance professionnelle ».
En complément des exonérations prévues ci-dessus, l’alinéa 4 ajoute que « les entreprises bénéficient d’un crédit d’impôt égal à 20 % des charges effectivement supportées dans le cadre de la formation, de l’encadrement et de l’insertion professionnelle des jeunes diplômés camerounais âgés de moins 35 ans, recrutés en premier emploi, en stage pratique pré-emploi ou en contrat d’alternance ».
Un clin d’œil aux PME
Cette nouvelle disposition est particulièrement prometteuse pour les Petites et Moyennes Entreprises (PME) et les industries naissantes, souvent confrontées à des marges faibles. En allégeant considérablement leur fardeau fiscal initial, l’État leur donne les moyens de prendre le risque d’intégrer des profils frais et dynamiques.Néanmoins, l’efficacité de cette mesure repose désormais sur la rapidité et la clarté de sa mise en œuvre. Les entreprises auront besoin de connaître avec précision les démarches administratives, la définition exacte du « jeune diplômé sans emploi » éligible, et la procédure de justification auprès des services fiscaux pour s’assurer qu’elles peuvent légalement bénéficier de ces avantages. Le succès de cette réforme dépendra de la fluidité et de la simplicité des mécanismes d’accès à ces exonérations.


