Le climat des affaires au Cameroun est influencé par plusieurs facteurs. Malgré son potentiel, le pays peine toujours à s’en sortir. Une analyse de la Banque mondiale entre juin 2024 et février 2025, fait mention de nombreux obstacles rencontrés par les entreprises, toutes catégories confondues. Une situation mettant à mal la compétitivité de celles-ci.
Suivant l’analyse sur 615 entreprises considérées à travers le territoire national, les principaux obstacles au bon climat des affaires au Cameroun sont entre autres : l’accès au financement pour 28,8% de entreprises enquêtées ; l’accès à l’électricité pour 16,8% des acteurs ; la concurrence du secteur informel pour 12,9% des entreprises et la corruption pour 7,3%. Petites, moyennes ou grandes, chaque catégorie éprouve des difficultés à son niveau.
En tenant compte de la catégorisation suivant la taille des entreprises, le Rapport sur l’Economie camerounaise en 2024 relève que les grandes entreprises font particulièrement face aux problèmes d’accès à l’électricité (28,9%). Pour les petites (34,2%) et les moyennes entreprises (28,6%) plutôt, l’obstacle principal réside sur les difficultés d’accès au financement.
D’autres facteurs sont également indexés, mais très faiblement. Ainsi, 1,8% d’entreprises se plaignent des difficultés à l’accès à la terre, la même proportion fustigeant aussi la qualité de la main d’œuvre. L’obtention des licences et permis d’exploitation (1,3%), et la règlementation du travail (1,30%).
Difficultés par regroupement
« En tenant compte de ces regroupements, il ressort que les contraintes auxquelles font face les entreprises diffèrent », explique le rapport.
Les entreprises implantées dans le groupe du Centre sont principalement confrontées aux pratiques des concurrents du secteur informel (26,2% des entreprises) et aux difficultés d’accès au financement (23,8%). Dans le groupe du Littoral, on relève que 46,7% d’entre elles ont souligné les problèmes d’accès au financement, et 21,6% déplorent le difficile accès à l’énergie électrique.
Au Nord, la corruption est ce qui plombe le plus les entreprises. 17,8% d’entre elles s’en plaignent, tandis que le transport impacte 16,4% et l’accès à l’énergie électrique (15,7%). Dans le groupe de l’Ouest, les principaux obstacles rencontrés sont l’accès au financement (36% des entreprises) et l’instabilité politique (19%), en lien notamment avec la crise sécuritaire dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.
Il faut toutefois préciser que les dix régions du Cameroun ont été réparties en 4 groupes pour effectuer ce travail. Le Centre comprendra donc les entreprises des régions de l’Est, du Sud et du Centre ; l’Ouest (comprenant les entreprises des régions du Nord-Ouest, de l’Ouest et du Sud-Ouest) ; le Nord (avec les entreprises des régions de l’Adamaoua, de l’Extrême-Nord et du Nord) et le Littoral étant la seule à constituer un groupe au regard de sa taille dans l’économie du pays.
Le Cameroun attire peu d’investisseurs
Dans son discours à l’occasion de la rentrée économique du patronat en 2024, Célestin Tawamba, président du Gecam, est revenu sur les obstacles au bon climat des affaires au Cameroun. Parmi les principaux éléments, les missions de contrôle intempestives de diverses administrations publiques. Mais ce ne sont pas les seules contraintes. La mauvaise qualité d’accès à Internet, le mauvais état des routes, l’énergie, une politique d’incitation aux investissements à repenser, la procédure d’obtention d’un titre foncier, sont également pointés du doigt par le patronat.
Un tableau sombre qui fait peur aux investisseurs. Rappelons que le Cameroun ne figure pas parmi les 20 pays africains ayant attiré le plus d’Investissements directs étrangers en 2024. Pourtant, le continent a enregistré une augmentation de 75% des IDE, au cours de cette période. D’après le « World Investment Report 2025 », publié le 19 juin 2025 par la Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le Développement (CNUCED), « les IDE ont bondi de 75% en Afrique, pour atteindre un niveau record de 97,03 milliards de dollars ».
Cette mauvaise posture du Cameroun serait la preuve de sa déficience sur certains facteurs tels que la taille de l’économie, la croissance économique et surtout le climat des affaires etc. De l’avis des experts, les investisseurs recherchent un climat des affaires favorable pour récupérer leur investissement et réaliser des bénéfices. Rencontré par l’Economie, Yannick Nkembe, Economiste, avait souligné à ce sujet que « Si vous devez investir quelque part, vous voudrez vous rassurer que l’investissement que vous faites va vous permettre de reprendre votre argent et en collecter les bénéfices. Maintenant, si le climat des affaires est mauvais à cause de la corruption, les difficultés administratives et autres, vous serez un peu réticent à venir investir ».
A tout ceci on pourrait ajouter la fuite des compétences vers les pays étrangers et notamment le Canada, ces dernières années. Des facteurs qui alimentent l’insécurité dans l’environnement des affaires au Cameroun, et constituent un frein tant pour les investisseurs que pour les entreprises.