En 2022, la Banque des Etats de l’Afrique Centrale (Beac) a organisé un concours en vue du recrutement des Agents d’encadrement supérieur (AES) dans les différents pays de la Cemac. A l’issue des différentes épreuves de sélection (examen écrit, examen oral et test psychotechnique), 66 candidats ont finalement été admis. Sauf qu’après, il y a eu de nombreuses réclamations en raison de divers manquements relevés, en matière d’organisation, d’infrastructures et de logistique. Ce qui a poussé le Comité ministériel de l’Union monétaire de l’Afrique Centrale (Umac) à instruire l’arrêt du processus de recrutement. Objectif, examiner les conditions d’organisation du concours et la crédibilité des résultats. C’est dans cet optique que le Cabinet RSM France a été sélectionné à l’issue d’un appel d’offres pour faire l’audit dudit concours.
Le Cabinet RSM France a remis son rapport à la Beac il y a peu. Le document consulté par l’Economie confirme de nombreuses irrégularités déjà exprimées dans le processus de recrutement des Agents d’encadrement supérieur. « Plusieurs anomalies ont été relevées dès la phase de présélection des candidatures : « Des candidats inéligibles, notamment en raison de leur âge ou de leur expérience insuffisante, ont été admis en dépit des critères strictement définis par l’avis du concours, de nombreuses non-conformités ont été constatées concernant la validité et l’adéquation avec l’exigence des postes, certains candidats ont bénéficié d’une validation de leurs documents d’identités ou des diplômes non conformes. Ces constats révèlent des failles dans le filtrage initial des candidatures, compromettant ainsi la rigueur du processus » souligne le Cabinet RSM France.
Il souligne qu’à Yaoundé par exemple, les retards dans le lancement des épreuves ont été extrêmes, allant jusqu’à 2h du matin pour la finalisation des travaux, compromettant l’équité entre les candidats. « Des erreurs graves ont été constatés dans la distribution des sujets, notamment en langue espagnol au lieu du français ou de l’anglais pour certaines spécialités. Un problème d’électricité a affecté plusieurs salles, obligeant les candidats à être déplacés, ce qui a perturbé leur concentration et rallongé les délais. L’absence des représentants d’AfricSearch, (cabinet retenu pour organiser le concours Ndlr) dans plusieurs salles a entraîné un déséquilibre dans la supervision et le respect des protocoles. Des erreurs de correction et de totalisation des notes ont été relevées » renchérit le Cabinet pour ce qui est du centre d’examen de Yaoundé. Des irrégularités constatées dans les autres centres sont aussi énumérés dans le rapport d’audit.
RSM France relève aussi que le cabinet AfricSearch a été choisie à l’issue d’un processus de sélection peu rigoureux. Contrairement aux règles du « Code des marchés de la BEAC », il n’y a pas eu d’appel à candidatures ouvert, et seules deux offres ont été examinées. L’analyse montre que la procédure a clairement favorisé AfricSearch, sans justification objective par rapport à son concurrent APAVE. Le rapport d’audit rendu, l’on attend la suite qui sera réservé à ce concours par le Comité Ministériel de l’UMAC.
Les 66 lauréats dans l’impasse
Le 17 juin 2025, les lauréats du concours des Agents d’encadrement supérieur organisé par la Beac en 2022 ont adressé une correspondance au Comité Ministériel de l’UMAC. Dans la correspondance, ils font des observations sur le rapport d’audit du Cabinet RSM France. « Nous tenons à rappeler que les 66 lauréats qui ont tous été contractualisés par la Beac, ont reçu des convocations officielles pour le début de la formation fixé au 5 juin 2023. Dans cette perspective, beaucoup ont démissionné de leurs postes antérieurs, renoncé à d’autres opportunités professionnelles, réorganisé leur vie personnelle et familiale…Mais jusqu’ici rien n’a avancé » écrivent -ils. « Nous attendons impatiemment une suite par rapport à ce recrutement, ce qui nous permettra de passer à autre chose ou pas » souligne un lauréat.