Des données qu’il faut bien stocker quelque part. Ces lieux de stockage, ce sont les datacenters. Un datacenter ou centre de données est une installation physique (un bâtiment pouvant occuper plusieurs hectares,) conçue pour héberger des équipements informatiques tels que les serveurs, les systèmes de stockage, des composants réseau, etc.
Il permet de gérer, stocker et traiter des volumes massifs de données sous forme numérique. Si depuis de nombreuses années, les entreprises comme les banques disposent de centres de données pour héberger leurs multiples transactions, internet et ses applications ont fait émerger de nos jours de gigantesques datacenters.
Les datacenters sont aujourd’hui essentiels à la connectivité mondiale. Ils permettent le stockage et la distribution en temps réel de contenus numériques, assurant en continu la disponibilité des sites web, de streaming, des services cloud, du commerce électronique, des services financiers. Sans eux, les communications globales et le fonctionnement des entreprises modernes seraient impossibles. L’émergence de l’intelligence artificielle générative, il y a peu, est venue montrer leur importance prépondérante dans cette nouvelle révolution numérique. Voraces en énergie, les datacenters consomment une quantité massive d’eau et surtout d’électricité.
En 2024, les datacenters consommaient environ 415 térawattheures (TWh), soit 1,5 % de la consommation mondiale d’électricité. L’explosion de l’intelligence artificielle entraînera un doublement de la demande mondiale d’électricité des datacenters d’ici à 2030, soit l’équivalent de la consommation électrique actuelle du Japon, selon le dernier rapport de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), paru le 10 Avril 2025.
Les systèmes de refroidissement représentent entre 30 % et 40 % de la consommation électrique totale. Le charbon représente encore 30 % de l’électricité utilisée par les datacenters. L’AIE alerte sur la croissance de la consommation électrique des datacenters qui ne s’annonce pas progressive, mais bien exponentielle.
Les datacenters utilisent principalement l’eau pour refroidir leurs équipements via des systèmes d’évaporation ou des circuits fermés. L’utilisation massive d’eau potable dans certaines régions exacerbe les problèmes de stress hydrique local. Sur la liste des plus grands propriétaires mondiaux des datacenters, on retrouve des acteurs bien connus de la scène numérique mondiale : IBM, Oracle, Alibaba, les GAFAM (Amazon, Microsoft, Google, Meta), les opérateurs de télécommunications comme China Telecom, China Mobile International Limited, et surtout des sociétés spécialisées dans la construction et la gestion des datacenters comme Equinix, NTT, QTS ou Digital Realty.
En termes de localisation, les États-Unis représentent près de 40% des principaux sites de centres de données cloud et Internet. Le plus gros datacenter mondial à l’heure actuelle, est la propriété d’un des plus gros opérateurs mondiaux de télécommunication, China Telecom. Au sein d’un gigantesque complexe de 25 kilomètres carrés à Hohhot, la capitale de la Mongolie intérieure, le Inner Mongolia Information Park de China Telecom occupe une surface de 1 million de mètres carrés. Sa capacité totale atteint 100 000 racks et 1,2 millions de serveurs, pour un coût total évalué à 3 milliards de dollars.
Il existe différents types de datacenters. Le datacenter d’entreprise est une installation qui est construite par et détenue et exploitée par une entreprise pour son propre usage. Ce site primaire étant généralement dupliqué sur un site secondaire pour une question de redondance, et ainsi assurer la continuité de service, au cas où le site primaire serait indisponible. La colocation est une offre de service dans le domaine des datacenters. Dans ce cas, une société est propriétaire de l’infrastructure physique et loue l’espace à des entreprises clientes.
Les datacenters hyperscale sont des infrastructures gigantesques conçues pour répondre aux besoins croissants de traitement et de stockage des données dans le cadre du cloud computing, de l’intelligence artificielle, etc. Ces datacenters permettent aux principaux acteurs du cloud de fournir des applications et des services de stockage robustes et évolutifs à leurs clients. Des compagnies telles que Google, Microsoft, Amazon, Meta (Facebook), Apple, Alibaba, IBM, Tencent, Huawei, etc. en disposent.
L’Uptime Institute, une organisation dont la mission principale est d’établir et de promouvoir des standards de performance, d’efficacité et de fiabilité pour les centres de données, a défini quatre classifications dénommées « Tiers » (1, 2, 3, 4) des datacenters. Ces niveaux sont reconnus comme les normes du secteur à suivre pour les performances des data centers. Ce processus de certification aide les datacenters à prouver leur conformité et à démontrer leur expertise en gestion des installations aux clients.
Un data center de niveau 1 (tiers 1) fournit le niveau de capacité de base pour l’hébergement des données. Il nécessite une alimentation sans interruption (UPS) pour les pannes de courant, les creux et les pics, une zone pour les systèmes informatiques, un équipement de refroidissement dédié qui fonctionne en dehors des heures de bureau et un générateur de moteur pour les pannes de courant. Il offre une protection limitée contre les défaillances ou les pannes inattendues, et devra être complètement arrêtée pour les réparations et la maintenance. Par conséquent, il offre une disponibilité de 99,671 %, soit environ 28,8 heures d’arrêt par an.
Les data centers de niveau 2 (tiers 2) offrent une protection améliorée contre les événements physiques. Ils assurent la maintenance et la sécurité contre les perturbations grâce à des équipements tels que les systèmes de refroidissement, les générateurs d’énergie et le stockage, les réservoirs de carburant et les pompes. Il offre une disponibilité de 99,982 %, soit environ 1,6 heure d’arrêt par an.
Les data centers de niveau 4 (tiers 4) disposent de systèmes indépendants et physiquement isolés qui créent des composants de capacité et des chemins de distribution redondants. Tous les équipements informatiques d’une installation de niveau 4 doivent avoir une conception électrique tolérante aux pannes, et le bâtiment nécessite un refroidissement continu afin que l’environnement reste stable. Il offre une disponibilité de 99,995 %, soit seulement 26,3 minutes d’arrêt annuel. C’est le niveau de classification de nombre de centre de données hyperscale.
Patrice Nzukou Wakam, Ingénieur