« Trop c’est trop », lance un chef traditionnel de 3e degré, venu de Campo. Comme lui, les chefs des villages riverains au projet Camvert ont été conviés au troisième atelier d’évaluation de la mise en œuvre des cahiers de charges entre l’entreprise et ses partenaires locaux, tenu les 29 et 30 janvier 2025, à Kribi. Des assises convoquées dans un climat particulièrement tendu entre les parties.
Les populations riveraines en effet ont eu à manifester leur mécontentement pour « non-versement des redevances forestières, non-respect du Plan de travail annuel (PTA 2022-2023), pillage forestier hors zone d’exploitation, pratique d’influence et d’intimidation sur les communautés, non-respect des paiements de redevance foncière mais surtout le non-respect des cahiers de charges par l’entreprise », selon Sa majesté Abel Mvondo Medjo, chef de 3e degré, du village Doum Essamenbenga.
« Nous avons été suffisamment patients avec Camvert mais jusqu’ici rien n’a changé. En décembre, nous nous sommes exprimés via une pétition adressée à Monsieur le sous-préfet de Campo et jusqu’ici sans suite. Il est temps que nous puissions nous faire entendre et demander le respect de notre droit » souligne-t-il
Entretien de la route Lolabe-Campo, l’un des points de discorde
Le traitement des points critiques sur cet axe figure parmi les revendications des populations. Presqu’impraticable pendant la saison des pluies, la route Lolabé-campo-campo beach n’est pas non plus facilement accessible en saison sèche. Sur ce projet précis, Camvert assure avoir souvent effectué des travaux pour maintenir la praticabilité de la route. Cependant, l’entreprise déplore des difficultés qui ont retardé la mise en œuvre de quelques actions. « La non mise à disposition par l’Etat de sa quote part dans les délais, en ce qui concerne les travaux de l’entretien routier, la dégradation de la route par les exploitants illégaux de bois qui circulent y compris en saison de pluies. Ces derniers ont détruit des barrières de pluies érigées sur la route, et plusieurs ponts », a expliqué Mahmoud Mourtada, Directeur général de Camvert.
L’agroindustriel revendique par ailleurs, plusieurs autres actions menées au profit des populations de Campo, qui n’ont pas été inscrites dans le cahier des charges. En l’occurrence, la réfection des toitures du Lycée technique de Campo, l’appui à la scolarisation des jeunes, l’appui financier aux jeunes écoliers pour l’assainissement de la ville de Campo et l’admission en stages payés de plus d’une cinquantaine d’élèves dans la plantation afin de leur permettre de payer leurs frais de scolarité.
Pour un dialogue franc
L’un des défauts relevés dans la collaboration de Camvert et ses partenaires, est le manque de communication. Les assises de Kribi ont abouti à des résolutions. Parmi lesquelles, la création d’une plateforme d’échange entre Camvert et les communautés locales qui va se réunir tous les trois mois pour évaluer le cahier des charges, la création d’un fonds de financement pour l’auto-emploi des jeunes de Campo et l’adoption d’un nouveau plan de travail annuel.
Un nouveau plan de travail adopté
Les récents travaux effectués à Kribi, ont permis aux parties de s’accorder sur certains points. Pour l’année 2025 en cours, un nouveau plan de travail a été adopté. Celui-ci intègre 8 projets à réaliser par Camvert au cours de cette année. Entre autres, le traitement des points critiques sur l’axe Lolabé-Campo- Campo beach, la construction de trois forages dans le village Afan essokie, Campo-Beach, la construction d’une salle de classe à Akak, la mise en place d’un fonds pour l’auto-emploi des jeunes , l’accompagnement à la formation des Bagyélis, l’appui à la régularisation civile des Bagyélis, l’aménagement d’un site de 100 hectares et le suivi de la mise en œuvre de tous ces projets le Comité.
Au terme des travaux, Nouhou Bello, préfet de l’Océan s’est dit satisfait. « La concertation s’est bien déroulée et a abouti à un certain nombre de recommandations. Nous voulons donc nous réjouir de ces principales résolutions et nous pensons que c’est un nouveau départ entre Camvert et ses partenaires locaux. Nous félicitons l’entreprise qui a bien voulu revenir sur la table et discuter avec ses partenaires locaux, pour un nouveau départ. J’invite les parties prenantes à privilégier le dialogue, la concertation » a déclaré le préfet de l’Océan.
« C’est un sentiment de satisfaction. Nous avons parlé avec un cœur ouvert. Tous les problèmes ont été mis sur la table. On a discuté, on a trouvé des solutions. C’est ce type de cadre que nous avons toujours cherché, un cadre convenable où les partenaires peuvent discuter de façon sereine et trouver des solutions qui font la satisfaction de tout le monde » s’est réjoui Mahmoud Mourtada, directeur général de Camvert.
Le camp d’en face par contre se dira satisfait à moitié, même si des moyens d’entente ont été trouvés. « Nous sommes satisfaits à 50% …Nous avons cependant travaillé pour un nouveau départ avec la société Camvert. Elle a décidé de changer dans ses relations avec ses partenaires locaux dans la communication et de respecter les cahiers de charge », a souligné Abel Mvondo Medjo, chef de 3e degré, du village Doum Essamenbenga.