La Bvmac a rendu sa copie. Pour le compte de l’année 2023, la Bourse des valeurs mobilières de l’Afrique Centrale vient d’effectuer le bilan de ses activités. Nonobstant le contexte économique contrasté, elle achève l’exercice sur une note positive, caractérisée par l’amélioration de la performance globale.
Le chiffre d’affaires bondit
Le tableau affiche un chiffre d’affaires de près de 867 milliards de FCFA (868 676 083 FCFA), selon les comptes arrêtés de la Bourse au 31 décembre 2023. En 2022, celui-ci se chiffrait à 571 034 997 FCFA, soit une différence de 52,1% en glissement annuel, pour une valeur absolue estimée de (+297 641 086 FCFA).
« Cette embellie s’explique par les commissions générées à la suite de l’introduction en bourse des actions de la SCG-Ré (4 millions de FCFA), et de l’admission à la cote de quatre titres de créance », explique le rapport. En termes d’obligations, il s’agit notamment de celles de l’État du Gabon (71,2 millions de FCFA), de la BDEAC (44 millions de FCFA), l’État du Tchad (40 millions de FCFA) et l’État du Cameroun (70 millions de FCFA). À cela s’ajoutent les redevances de siège ainsi que les commissions de capitalisation sur les compartiments « Actions » et « Obligations ».
Un marché des actions dynamique
Comme en 2022, le compartiment actions a fait montre de dynamisme l’année dernière. Cela se traduit par l’attrait « croissant » des investisseurs vis-à-vis des produits financiers qui s’est « considérablement » accru, selon les statistiques de ce compartiment, aussi bien en termes de volume (+91%), de valeur (+168%) que du nombre de transactions (+30%).
Concrètement, ce sont au total 28 527 actions qui ont été échangées contre 14 908 actions en 2022, tandis que la valeur des transactions est passée de 1,5 milliard de FCFA en 2022 à 4 milliards de FCFA en 2023.
« Cette augmentation est portée essentiellement par l’action Bange qui a réalisé à elle seule 60% de volume total échangé et 89% de la valeur totale transigée en 2023 contre respectivement 39% en volume et 81% en valeur réalisés sur l’année 2022. Le montant des transactions de Bange sur l’ensemble de l’année 2023 s’est établi à 3,523 milliards de FCFA contre 1,198 milliard de FCFA en 2022 ».
Suivant la Bvmac, l’embellie des activités du compartiment Actions a par ailleurs été soutenue par les « bonnes » performances réalisées par Socapalm (270 millions de FCFA, +139%), la Régionale Bank (56 millions de FCFA, +54%) et la SCG-Ré (41 millions de FCFA).
Malgré ce dynamisme dans les activités, la Bvmac connait quelques faiblesses.
Ce qui bloque
Henri-Claude Oyima, président du Conseil d’administration de la Bourse des valeurs mobilières de l’Afrique centrale, a énuméré certains facteurs de vulnérabilité auxquels est exposée la Bvmac. Il a évoqué la situation de ses créances impayées ; la très faible sollicitation du secteur privé vis-à-vis du mode de financement par le marché financier ; les pesanteurs qui entourent encore le processus de privatisation des entreprises des portefeuilles publiques des Etats de la Cemac désignées à cet effet pour s’introduire en Bourse ; les lenteurs dans la conduite par la Beac du chantier de création d’une structure privée devant assurer les missions de Dépositaire central du marché Financier Régional.
Il déplore aussi la disparité des cadres législatifs nationaux avec le Règlement Cemac du 11 mars 2007 portant institution d’un Régime fiscal spécifique applicable aux opérations cotées à la Bvmac et la difficulté à appliquer dans l’ensemble des pays, le Règlement communautaire du 11 mars 2007 et sa critique par les parties prenantes de l’écosystème du marché financier régional « qui le trouvent complexe, peu inclusif et voué à une réforme visant son amélioration et son harmonisation à l’échelle sous-régionale ».
Pour des activités encore plus dynamiques, le PCA prescrit la mise à jour du Règlement général de la Bvmac à l’effet de l’aligner aux récentes évolutions des textes supérieurs « tout en rendant plus souples et plus attrayantes, les conditionnalités d’accès des émetteurs et particulièrement les petites et moyennes entreprises, à ses principaux Compartiments ».
Il encourage aussi la mise sur pied d’un véritable compartiment Hors-Cote permettant des échanges de titres financiers non cotés émis sur le marché monétaire (OTA, BTA, TCN) ou en Private Equity ; le fractionnement des actifs financiers cotés à l’effet d’abaisser le ticket d’entrée des actions en particulier, pour le rendre à la portée des petits épargnants et la diversification des canaux d’accès aux instruments financiers, à l’effet notamment de tirer avantage de la pénétration du Mobile Money dans les pratiques financières des populations de la Cemac.
